top of page

Monsieur Gallup, les Français ne vous disent pas merci.

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 14 mai 2018
  • 2 min de lecture


Les entreprises des États-Unis ont été les premières à utiliser les sondages afin de connaître les attentes supposées des consommateurs et augmenter leurs marchés. En 1936, Georges Gallup (1901-1984) fonde l' American Institute of Public Opinion, à l'occasion de l’élection présidentielle américaine. Depuis cette date, l’importance des sondages et leur nombre n’a cessé de croître jusqu’à constituer une perversion du régime démocratique.


En effet, mus par la crainte de mécontenter l’électeur les dirigeants ont le regard fixé sur ce baromètre de l’opinion devenu un substitut de tout projet politique ou de société.


Le gouvernement selon les sondages, outre le fait qu’il donne un pouvoir injustifié aux sondeurs, est doublement absurde.


D’une part, il est soumis à l’émotion plus qu’à la raison. Ce que l’on appelle l’opinion étant rarement déterminé par mûre réflexion, ne serait-ce que par manque de l’ensemble des éléments du choix. Au surplus, les sondés répondent au regard de leur intérêt immédiat ; or, celui-ci, même majoritaire n’est pas nécessairement conforme à l’intérêt collectif ou même à celui bien compris de ceux qui sont concernés.


D’autre part, la "sondocratie" est une inversion des rôles entre les gouvernés et les gouvernants. Certes, les dirigeants doivent prendre en compte les aspirations, les besoins et les difficultés de la population, mais un pays est un ensemble et leur fonction est de rendre compatibles ces différentes données... de sorte que le bon gouvernant est celui qui peut-être ne contente personne, mais agit en pleine compétence pour le bien de tous.


De plus en plus, les décisions publiques sont irrationnelles. Les médias en portent aussi leur part de responsabilité. Car le subjectif est leur fonds de commerce. Mais si l'on peut admettre que chacun ait besoin de vivre, leur faute inexcusable est de confondre les sondages avec la vérité. Plus un journaliste ne va sur le terrain, ils se contentent de lire les sondages, et au mieux les dépêches AFP. Ceux, bien rares qui s'y aventurent, ont le jugement préfabriqué par l'idée que les chiffres des sondeurs leur a préconstruit.


En matière d’énergie, par exemple, les énergies renouvelables sont bien reçues par l’opinion. Peu de gens sont contre, tous les sondages en attestent. Mais on ne dit pas que le coût de cette ressource que l’on croit naïvement gratuit est prohibitif, ainsi que l'a relevé la Cour des Comptes à plusieurs reprises. De plus, le développement de ces énergies est bien trop lent pour rendre possibles les promesses de réduction du nucléaire. Alors lorsque Nicolas Hulot constate que l’objectif de réduction du nucléaire de 50% annoncé pour 2025 doit être reporté à 2035, ce qui est encore optimiste, la Presse qui ne réagit qu’en termes d’opinion instantanée et croit flatter son lectorat, crie au charron. Les sondages sont une des raison de l'installation d'une profonde défiance chez les citoyens vis à vis de ceux qui les gouvernent et de ceux qui les informent.




 
 
 

Commentaires


bottom of page