La peur des mots
- André Touboul

- 26 nov. 2018
- 2 min de lecture

On parle ces jours-ci de moderniser l’action de l’Etat. Et avec une prudence de Sioux le pouvoir avance des mesures isolées dites de « bon sens » que nul ne peut contredire. Mais de quoi s’agit-il vraiment ?
En fait, de faire maigrir un Etat pléthorique dont l’obésité est la cause même de son incapacité à accomplir ses missions régaliennes.
Dans les années 1990, la Suède confrontée à l’imminence de la banqueroute décidait pour s’en sortir de supprimer le Statut de la fonction publique. Ce fut un succès. La Dette publique suédoise est de 33% du PIB contre 95% en France.
La Dette n’est pas forcément un mal en soi, mais elle a un effet dévastateur qui est de priver l’Etat de sa liberté d’action tant conjoncturelle que structurelle. Quand l’Etat tire le Diable par la queue, il lui est impossible de bien faire son travail... et s’il joue les pères Noël les cadeaux qu’il fait sont empoisonnés.
Parce que les fonctionnaires effectuent des tâches indispensables, il est impératif qu’ils soient bien gérés. Que les bons soient récompensés et les mauvais écartés. Que l’on montre la porte aux inutiles, et que ce ne soit pas celle du placard ou le traitement continue de tomber. Que l’on mette fin aux embauches clientélistes...
Il ne faut pas craindre de le dire : il est urgent de supprimer le Statut de la fonction publique. Pour des motifs tout aussi économiques que moraux, car c’est une institution immorale.
Le problème majeur n’est pas en France le niveau de vie, mais la précarité. Il n’est pas concevable que certains jouissent du privilège inestimable de la garantie de l’emploi à vie alors que le reste de la population est soumise au risque du chômage, et pour le moins à l’obligation de changer de métier plusieurs fois dans son existence. Cette inégalité économique est aussi inéquitable donc contraire à l’éthique.
Hélas, la peur des mots interdit à nos dirigeants de prononcer cette phrase : supprimer le Statut de la fonction publique.
Jacques Chirac disait : La réforme de la fonction publique est à l'ordre du jour... et le restera.


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