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Macron, ou comment s’en débarrasser

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 26 nov. 2018
  • 3 min de lecture

Quand Hollande s’est montré incapable de vendre aux Français la politique de Bercy, son "tournant" qualifié par l’opinion de traîtrise, il a été lâché par l’élite technocratique... On s’est livré à un Hollande bashing ; par ce « on » il faut entendre le monde médiatique qui a inscrit à son passif ses virées en scooter au coin de la rue... ce n’étaient là que de simples ridicules qui ont été montés en épingle, plantées, façon vaudou, dans l’image du pauvre Président dégringolé du statut d’émule de Mitterrand à celui de capitaine de pédalo. Un Gouvernant nul pour des nuls. Ainsi, la cause était entendue, l’affaire des « sans dents » révélait en lui un méchant hypocrite : social par devant, méprisant par derrière. Mais au fond, est-on certain qu’il ait prononcé ces mots ?


Quand Macron parlait « des gens qui ne sont rien » qui passent dans les gares, c’était bien de sa bouche que sortaient ces paroles définitives incroyables de dédain. Mais aux yeux de Bercy, il n’avait pas encore échoué. On s’escrima alors à minimiser, à interpréter, à gloser, à extrapoler pour dédouaner le tout nouveau Président. Deux poids deux mesures.


Mais la roue tourne.


Après avoir défait les oppositions en rase campagne, capitalisé un vrai succès dans l’affaire de la SNCF, et à cette occasion enregistré une victoire sur les syndicats réduits à rien, mettant un dernier clou dans le cercueil de la démocratie représentative, Macron bute sur le pays réel : les maires et les gilets jaunes.


La suppression de la taxe d’habitation et la fiscalité carbone. Deux fausses bonnes idées.


La première, une baisse de taxe modulée dans le temps à la manière de l’application des 35 heures. Indépendamment des critiques fondées sur le plan de la démocratie que mérite la dépossession fiscale des collectivités locales, c’est la méthode qui est mauvaise.



Les partisans des hausses de prix du tabac le répètent à l'envi, seules les hausses massives sont efficaces. Il en est de même pour les baisses. Une baisse d’impôt homéopathique n’aura aucun effet... pas même placébo, car personne n’y croit. La mesure, en effet, se heurte au simple bon sens, car on voit bien que l'on va reprendre d’une main ce que l’on a lâché de l’autre ; c’est la logique impitoyable du tonneau fiscal des Danīdes. Passez muscade !


La seconde trouvaille, présentée sous couvert d’écologie, ne peut faire oublier que durant des décennies on a incité les Français à acheter des véhicules diesel, et que jusqu’à ces derniers mois l'Etat subventionnait les chaudières au fioul.


Le discours anti-gas-oil, tout autant que la taxe prend les Français à rebrousse-poil. Sans même un mot d’excuse, on désigne les mauvais citoyens : ceux « qui fument des clopes et roulent au diesel », déclare la porte-parole du Gouvernement, le sieur Griveaux. Du haut de son mépris souverain, ce petit marquis de frais poudré ordonne à des gens qui n’ont pas les moyens de boucler leur fin de mois, de sauver la planète pour un siècle, alors que le reste du monde, de la Chine aux Etats-Unis, ostensiblement pour l’heure, n'en ont cure.


Donner l’exemple, la belle affaire quand on ne pèse rien. On voudrait fâcher les Français avec l’écologie, on ne s’y prendrait pas autrement.


Le sommet de l’absurde est atteint par l’ineffable Castaner qui déclare entendre la colère des Français, mais exige, le menton mal rasé en avant, qu’elle s’exprime dans le calme.


On dit que le Président est seul, de fait, il est très mal entouré.


Ce qui arrive à Macron est la maladie la plus sévère qu'un chef de l’Etat puisse contracter ; pire que souffrir d’une opposition virulente, c’est une perte brutale de crédibilité. Certains médias parlent de hollandisation, c’est tout dire.


Mais, pas plus que pour l’affaire croquignolesque du prélèvement à la source, Bercy n’envisage pas de faire marche arrière. Au plongeoir, cette fière bâtisse qui surplombe la Seine, on n’a pas goûté les hésitations de Macron à cet égard. Son manque de pouvoir de conviction à propos des autres technidioties de nos hypers-énarques pourrait bien être fatal au locataire du Château. La question qui se pose à notre glorieuse élite est maintenant de savoir si elle va trouver un remplaçant à Macron, et trouver un moyen élégant de s’en débarrasser.


Au-delà, cependant, de ce petit problème de technocrates, on peut douter que les Français acceptent un nouvel échange standard qui à l’évidence ne changerait rien. Telle est l’assurance la plus solide de perdurer du marcheur en chef.

 
 
 

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