Phronésis plutôt qu’hubris
- André Touboul
- 26 nov. 2018
- 2 min de lecture

Dans l’Ethique à Nicomaque, enseignait Paul Ricœur, Aristote développe le concept de phronésis, que certains traduisent par la prudence, d’autres la sagacité. Prudence, dans le sens de la qualité que doit posséder un prud’homme ; sagacité, quand elle se définit comme : pénétration faite d'intuition, de finesse et de vivacité d'esprit.
Macron a perdu de vue l’enseignement de Ricœur sur cette notion. Il s’agit d’une règle de comportement raisonné, résultat de la recherche et de l’application d’une règle droite... tout le contraire de l’hubris qui est un débordement incontrôlé de l’âme abandonnée à ses passions.
Mais n’est-ce pas là l’inévitable conséquence de sa jeunesse... toujours persuadée d’avoir raison contre les expériences passées qui ont leur part d’échec.
La phronésis n’est pas l’humilité que certains prêchent, c’est l’agilité de la pensée qui permet de s’adapter aux circonstances et d’en tirer parti.
À cet égard se contenter de répéter que ce qu’il fait est ce qu’i
l avait annoncé est de la rigidité mentale, de l’entêtement.
Macron ne sortira pas de l’épisode des « gilets jaunes » à son avantage. Les Castaner et Darmanin ont démontré leur incompétence, le premier en surjouant le péril sécuritaire, le second en agitant la peste brune quand les violences étaient le fait de l’extrême gauche. Les gouvernants renouent avec le déni de réalité. Au secours ! L’ancien monde revient au galop. De fait, il ne nous avait jamais quitté, seuls les naïfs impénitents avaient voulu croire dans le discours de ces technocrates qui promettaient la lune pour pas cher, alors que dans leur esprit cela signifiait que demain ils nous tondraient gratis.
Cela était patent avant le mouvement du 17 novembre. La nouveauté est que le Président Macron n’a rien trouvé d’autre à tweeter que sa “honte des casseurs“ qui brisent les vitrines de la France du luxe sur les Champs Elysées, et rien de mieux qu’annoncer la création d’un nouveau Comité Théodule sur le climat. En devenant le Président des sourds, celui qui était censé détenir les bonnes recettes pour sauver le pays, a perdu toute crédibilité. Fait plus grave, il a compromis la justesse des idées émancipatrices de l’économie dont il était porteur.
Il lui sera désormais impossible d’entreprendre la seule grande réforme indispensable, la mère de toutes les batailles, celle de la fonction publique. Pour s’y attaquer il devra acquérir une nouvelle légitimité, cela ne pourrait advenir que lors d’un second mandat… mais ceci est une autre histoire.
Comments