top of page

Devant la faillite démocratique allons-nous changer de régime ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 16 déc. 2018
  • 3 min de lecture

A en croire la meute des enragés qui poursuivent de leur vindicte Emmanuel Macron, et réclament son départ, outre quelques Insoumis qui appellent positivement au meurtre du Président, cela semble possible. Il n’en sera rien. Pour deux raisons : le pouvoir est plus solide que certains semblent l’espérer, et il n’y a aucune alternative ni crédible, ni souhaitable.


L’élection de Macron reposait sur un socle limité proche de 24 %, une fois dissipée l’euphorie qui saisit les victoires, sa popularité est aujourd’hui à ce niveau. De plus son parti tout neuf lui assure la majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Curieusement ceux qui contestent sa légitimité n’évoquent pas l’épisode Fillon qui était un réel hold-up électoral ; aujourd’hui cela est oublié.


Dans une période où il était particulièrement impopulaire Mitterrand avait benoîtement remarqué qu’il était au pouvoir et qu’il finirait son mandat. Il fut réélu, et le Bébête Show en fit un égale de Dieu. Son juron « b* de moi-même » fit le tour de France.


Le dézingage du Président Macron n’est pas une nouveauté. On a vu les médias se livrer au Hollande bashing, jusqu’à que celui-ci renonce à se représenter. On les a entendus pendant cinq ans jeter à la figure de Sarkozy comme une excommunication une soirée au Fouquet’s et ses goûts bling-bling. On se souvient aussi qu’ils traitaient Chirac de super-menteur ; et qu’ils avaient monté en épingle contre Giscard les pseudo diamants de Bokassa. Il ne s’agit pas seulement de l’expression moderne d’un vieux travers qui consiste à brocarder le roi dans des libèles vengeurs. De fait, c’est le principe de légitimité de l’élection que les médias contestent. L’onction du suffrage universel est devenue un véritable signe de Caïn.


L’idée sous-jacente est que le système électoral est vicié, car il ne répond pas aux aspirations du peuple qui ne se reconnaît dans aucun des candidats et qu’il suffirait de prendre en compte le vote blanc pour y remédier. L’argument est à ce point absurde qu’il est difficile d’y répondre autrement que par une boutade en observant que M. Blanc ferait un excellent Président.


Pour les députés, il faudrait, en outre, abandonner le système majoritaire pour la proportionnelle qui lui seul permettrait de faire accéder tous les points de vue à l’Assemblée. Dans ce pays où l’on est incapable de faire des concessions pour s’unir dans une coalition entre grands partis, on sait que cela donnerait le pouvoir à de minuscules partis charnières.


Au-delà de ces calembredaines, il faut reconnaître que jamais le slogan « élection piège à cons » de mai 68 n’a quitté les esprits. Il s’agit pourtant d’une conquête républicaine durement acquise.


De fait, ce sont les technocrates qui ont œuvré pour faire de la faillite démocratique une réalité. Par étapes ils ont écarté les élus, puis les corps intermédiaires, ils ont placé au sommet l’un des leurs, on serait tenté de dire « comme d’habitude » s’il n’y avait eu l’intermède de l’intrus Sarkozy. En 2017, enfin, ils ont pris le pouvoir en direct avec le slogan « et de droite, et de gauche », un hymne à la gloire de la mesure technique, donc supposée bonne. Leur gestion directe a eu tôt fait de mettre une partie du peuple en colère dans les rues.


Ce phénomène a montré les limites de la démocratie directe. Dans le mouvement des Gilets jaunes qui refusait tout représentant les revendications étaient contradictoires. Au demeurant, ainsi que l’a montré l’épisode navrant de Notre Dame des Landes, la technostructure est incompatible avec la démocratie directe.


Plus que jamais, la réflexion de Winston Churchill, qui disait que la démocratie est le pire des systèmes politique, à l'exception de tous les autres, est à l'ordre du jour.


Aucune personne sensée ne peut envisager de remettre en cause la légalité républicaine. Ce serait provoquer un saut dans l’inconnu que peu de Français sont prêts à accepter, car malgré les récriminations, ils ont trop à perdre. Le pire de la dèche pour celles et ceux (sic) qui vivent en France est de devoir manger des pâtes en fin de mois. Ailleurs dans certains régimes (politiques et non diététiques) comme au Venezuela, jadis prospère, la faim provoque l’exode.

 
 
 

Commentaires


bottom of page