Edouard Philippe, la stratégie de l'intendant infidèle
- André Touboul

- 16 déc. 2018
- 3 min de lecture

Les intendants qui sont les serviteurs de l’Etat, dilapident les biens dont ils ont la charge et en réclament toujours plus. Leurs défaites économiques font de la France le premier pays de l’OCDE en matière de prélèvements obligatoires.
Ils se défendent en arguant que cela vient de la grande demande de solidarité des Français qui veulent toujours plus de redistribution. Mais étrangement, leur gestion n’augmente pas la richesse à redistribuer, elle la diminue au point que le chômage ne cesse de croître. Un des exemples de leur incurie est qu’ils préfèrent dérober aux retraités le fruit de leurs efforts passés, plutôt que de mettre des chômeurs au travail.
Dans les années 1970, un actif sur dix occupait un emploi public, aujourd'hui ils sont plus de deux. Pendant la même période, la qualité du service public s'est dégradée. Mais aussi le nombre d'agents publics et de chômeurs n'a cessé de croître. La corrélation est stupéfiante : A chaque nouveau fonctionnaire son chômeur supplémentaire.
L'échec des technocrates est patent. Ils refusent néanmoins de l’assumer car changer de politique passerait par l’abandon de leur privilège de sécurité de revenu à vie, dont la conséquence est une fiscalité abusive qui plombe l’activité et par conséquent l’emploi.
De temps à autre l'un d'entre eux, tel Bruno Le Maire, est saisi de remords et démissionne de la fonction publique. Il reste une exception, et n'a pas fait d'émules. Tous les autres considèrent comme légitime de réintégrer leur corps après quelques excursions fructueuses dans la politique ou le monde des affaires... on se souvient de Dominique de Villepin qui retourna effectuer une journée de travail au Ministère des affaires étrangères pour débloquer sa retraite.
Pour échapper à leur responsabilité, les intendants accusaient les élus, coupables de tous les maux. Ces représentants du peuple étaient tous pourris, tous incapables, idéologues ultralibéraux, prévaricateurs, trop nombreux, trop installés dans leurs mandats et enfin trop coûteux.
Le peuple, endoctriné par les médias, les a crus, approuvant la chasse à ces privilégiés. Même les élus syndicaux ont été démonétisés. D’où le dégagisme que l’on retrouve d’ailleurs dans d'autres pays où l’élite est en échec.
Désormais, les élus politiques et syndicaux sont hors de combat. On déplore, mais un peu tard, de ne plus pouvoir compter sur eux.
Pour détourner l’attention, les intendants infidèles utilisent désormais deux moyens.
Le premier est d’attiser la haine anti-riches et de remettre sur le tapis l’imbécile ISF comme solution aux problèmes qu’ils ont créés par une gestion catastrophique de l’argent des contribuables.
Le second moyen qu'ils utilisent est de faire croire que tout vient de Macron.
Mais voici que Macron, leur marionnette, se rebiffe : il supprime la taxe carbone, refuse de rétablir l’ISF, et rétablit les heures supplémentaires défiscalisées. Investi par la dignité de la fonction, il préfère sans doute les intérêts de la France à ceux des hauts fonctionnaires.
Dès lors, il devient l’homme à abattre.
Entre autres énormités, on a vu ces jours-ci un Gilet jaune autoproclamé porte-parole réclamer sur les plateaux télé la nomination du Général De Villiers comme premier ministre !!!
On ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. Il reste que conférer la puissance médiatique à ce genre d‘hurluberlu n’est pas innocent. Cela participe d’une stratégie de démolition de Macron en suggérant qu’il aurait été illégitime à limoger un grand serviteur de l’Etat. les hauts fonctionnaires seraient donc plus légitimes que le Président élu.
Sans nuance, on impute à Macron le passif de mesures maladroites, et c’est justice car il est Président, mais...
les 80 km/h, c’était Edouard Philippe, et Gerard Colomb macroniste de la première heure avait sorti son joker, et le Président ne s'est jamais exprimé à ce sujet,
la retenue à la source, c’était Bercy... et l'on se souvient que Macron était hésitant,
la taxe carbone, encore Bercy... et alors que Macron voulait y renoncer dès fin novembre, Edouard Philippe s’est arc-bouté au-delà du raisonnable. Cet homme, qui sait ce que parler veut dire, annonçait un moratoire de six mois, pour ensuite expliquer que cela voulait dire « abandon » …
Edouard Philippe joue au serviteur loyal de Macron, pas par loyauté, mais pour lui faire porter toute la responsabilité des erreurs. Une inversion des rôles qui n’est possible qu’avec la complicité des médias.
Ce qui est toxique dans cette situation, c’est que les vrais décideurs n’agissent pas à visage découvert. Bercy, ce n’est personne. Zorro s’avançait masqué, mais avec noblesse pour la bonne cause. Les intendants se dissimulent par couardise et pour échapper aux conséquences de leurs actes.
Si un caractère spécifique singularise l’élite française de l’Etat, c’est bien celui de sa dissimulation, sous couvert du prétendu Service public, et aujourd’hui elle tente de s'abriter derrière le dernier vestige de la démocratie élective qu’est le Président de la République.
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