Pour s'insurger nommer les choses
- André Touboul

- 16 déc. 2018
- 2 min de lecture

Rendre les hauts fonctionnaires responsables de l’état dans lequel se trouve la France serait un acharnement de mauvais goût qui tourne à l’obsession.
Mais dire que Giscard, Chirac, Hollande et Macron sont des énarques est un fait. Depuis quarante ans, la plus haute fonction a été occupée par ceux qu’il est objectif d’appeler de Grands Commis de l’Etat. Il n’est pas non plus abusif de rappeler que l’état calamiteux de notre pays est la conséquence de politiques menées depuis plusieurs décennies, principalement par eux. Il est donc légitime d’en conclure que ces administrateurs ont mal administré.
Ils n’ont pas pu parvenir à ce brillant résultat sans s’appuyer sur une cohorte de clones dont ils ne sont que les représentants, issus du même moule.
Il est factuel aussi que tous ces braves gens sont protégés par un statut d’airain qui leur assure de ne jamais connaître le lot commun du peuple que l’on nomme "précarité". Leur seule inquiétude du lendemain est leur évolution de carrière.
Il est incontestable que ce sont ces gens-là qui font la loi et les lois.
On peut aussi observer que ces technocrates ont toujours, jusqu’en 2017, rendu responsables les élus de leurs propres échecs. Certes, les élus sont coupables de leur avoir cédé systématiquement, mais ce sont eux les permanents de l’Etat qui ont pensé et conduit sa politique. Depuis l’élection présidentielle de 2017, qui a cet égard fera date, ces statocrates sont en première ligne ; et l’on voit bien que toute leur stratégie consiste à repousser la seule réforme urgente qui est celle de l’Etat. Jacques Chirac le disait : la réforme administrative est à l’ordre du jour et elle le restera.
On peut accuser le sort, les Chinois, les Américains , les Allemands, les riches, la mondialisation, et les migrants d’être la source de tous nos maux, mais il est incongru de s’en prendre à nos technocrates. Il est à cela une raison. Nous avons besoin de nous rassurer et de croire que ces brillants personnages savent ce qu’ils font et où ils nous mènent. Il faut ouvrir les yeux, il faut oser, il faut abandonner cette attitude de soumission au plus vite, car la maison brûle.
S'insurger se traduit d’abord par le courage de nommer les choses. L’abandon des privilèges qui pourra refonder une société plus juste porte un nom : la suppression du statut de la fonction publique, pour que l’Etat et les collectivités publiques puissent enfin gérer leurs personnels comme des entreprises et que l’on mette fin à une gabegie fiscale insupportable.
Ceci ne signifie pas « moins de services publics », au contraire. Cela implique seulement, mais c’est essentiel, une bonne allocation des ressources. On peut donc en attendre un meilleur service. Donc moins d’impôts et plus de prospérité.
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