Deux vœux fiscaux, adressés à Monsieur Macron
- André Touboul

- 30 déc. 2018
- 3 min de lecture

Puisque l’on est au seuil d’une nouvelle année, il est permis de suggérer au Président Macron deux initiatives salutaires qui seraient un coup de tonnerre dans le Landerneau des affidés de Bercy qui ne nous veulent aucun bien, et à lui non plus.
Tout d’abord un peu de démocratie fiscale. Au lieu de continuer à tromper le citoyen en lui faisant miroiter qu’il aura droit au chapitre par les votations citoyennes, qui, au mieux, seraient des intermittences sur des sujets soigneusement balisés, il faudrait donner le choix au contribuable de l’affectation des fonds qu'il verse dans les caisses de l'Etat, et ceci pour au moins 15 % de son impôt. Ce serait là de la démocratie directe effective.
A l’évidence, cette liberté ne peut se concevoir sur une proportion plus importante car la plus grande masse des dépenses de l’Etat sont contraintes. Les 15% évoqués ici correspondent aux marges de l’action gouvernementale. Si 15 % vous paraissent vider de sens l'action de vos ministres, transigeons à 7,5 %.
On entend déjà ceux qui objecteront que ce pouvoir serait conféré uniquement à ceux qui paient l’impôt, et les idéologues y verront le retour du suffrage censitaire. Mais qu’on le veuille ou non le pouvoir économique existe, même s'il s'exerce de manière toxique. On ne peut continuer à ignorer que des Français de plus en plus nombreux votent avec leurs pieds. Et, fait préoccupant, il ne s’agit pas seulement des ultra-riches. Il suffit d’observer qui sont les exilés fiscaux installés au Maroc et au Portugal pour constater que les « riches » se sont paupérisés. Il s’agit maintenant de Français qui découvrent qu’ils n’ont plus les moyens de vivre en France.
Alors, Monsieur Macron, un bon geste, libérez les Français, redonnez-leur le goût de vivre et d’entreprendre en France, réconciliez-les avec l'impôt.
Et aussi, et c’est notre second vœu, supprimez l’IFI !
Cet impôt est anticonstitutionnel. Il constitue une rupture de l’égalité devant l’impôt, à plusieurs égards. Selon que vous possédiez 10% de chacune de deux sociétés détenant des immeubles ou 20 % d’une même société vous serez assujetti ou non, même si les immeubles ont au total une valeur identique. En outre, exiger des déclarations sur des immeubles détenus à travers des sociétés dont on ne possède pas le contrôle est une condition que tous les contribuables ne peuvent pas remplir. Une autre source d’inégalité réside dans le fait que les sociétés ne sont pas tenues de fournir les informations et qu'elles n’ont en général pas procédé à une évaluation récente de leur patrimoine immobilier, et qu'il est difficile de déterminer si lesdits immeubles sont affectés exclusivement à l'exploitation. Bien sûr, les Français n’ont pas tous les yeux rivés sur la Constitution, mais chacun d’entre eux est muni d'un sixième sens pour percevoir l’injustice, et l’égalité devant l’impôt, à égalité de revenu ou de patrimoine, est un principe dicté par l’équité.
Cet impôt est en outre économiquement stupide, car l’immobilier n’est pas une rente, c’est un investissement nécessaire au logement, et l’on sait que la France manque cruellement de logements, malgré tous les efforts des organismes sociaux. Seule l’initiative des particuliers pourrait par son ampleur contribuer à régler le problème. Au contraire, la pénurie a été aggravée par la loi ALUR de Mme Duflot dont on a constaté qu’elle donnait un coup d’arrêt à l’investissement locatif privé. Le parc immobilier existant pâtit aussi de cet impôt qui diminue les capacité d'entretien des propriétaires.
Et enfin, ce prélèvement touche à ce qui pour les Français est au cœur de leur gestion patrimoniale. On les dit amoureux de la pierre. Toute leur vie, ils épargnent pour posséder un logement qu’ils vendent pour réaliser une plus-value ou qu'ils utilisent à leur retraite. Leur proposer d’investir en bourse pour s’y faire plumer est une insulte à leur intelligence.
Et, si cela n’est pas trop vous demander, Monsieur Macron, réfléchissez : imposer l’immobilier n’en fait pas baisser le prix. En 2018, le prix des immeubles a continué de monter, malgré l’IFI. En Ile-de-France le prix du m² a augmenté sur un an de 4,2,% et au dernier trimestre la hausse a été de 2,4%, à en croire la Chambre des Notaires de Paris. En maintenir la taxation ne fera que rendre le logement inaccessible aux Français. Il n’est pas surprenant que de plus en plus d’appartement dans Paris soient acquis par des étrangers.
Loin de nous, l’idée de vous prendre pour le père Noël, mais cessez donc de jouer les pères Fouettard, vous ne vous en porterez que mieux.
Nous vous souhaitons donc du courage, et une bonne année, car si elle est bonne pour vous…
Commentaires