En avant, la France
- André Touboul

- 30 déc. 2018
- 3 min de lecture

La démocratie directe ne peut pas être un substitut de la démocratie représentative qui serait défaillante, car leur domaine de pertinence est différent.
Il existe deux types de démocratie directe : le référendum et ce que les helvètes appellent les votations. Le référendum est une question posée par l’exécutif directement au corps électoral, parce qu’elle transcende le système représentatif dès lors que cela concerne les institutions où il serait juge et partie.
Les votations ou référendums d’initiative citoyenne ont une autre logique. Ils ont pour objet des questions transversales à l’ensemble des partis politiques que posent les questions de société.
Le référendum présente, dit-on, l'inconvénient de provoquer une réponse du corps électoral contre celui qui pose la question plus que pour la question posée. A cet égard, si l'initiative vient du peuple, il n'y aurait plus ce biais, car il serait paradoxal que les citoyens aient le désir de se sanctionner eux-mêmes.
Les votations ne peuvent néanmoins avoir pour objet de suppléer à des dysfonctionnements de la démocratie représentative. En effet, si les représentants ne sont pas considérés comme représentatifs et compétents, c’est l’ensemble de leurs décisions qui est remis en cause. Dès lors, ce n’est plus pour combler des trous, mais pour tous les sujets que la démocratie directe devrait s’exprimer et elle devrait le faire en permanence. Ce serait un plébiscite permanent et universel.
De fait, la crise de la démocratie représentative tient à des causes auxquelles il ne peut être remédié par des consultations directes. Le vote populaire n’est pas créateur d’unanimité, on l’a vu avec le Brexit.
La pathologie démocratique tient, en réalité, à une déficience du contrat social.
Ce que l’on nomme, depuis Rousseau, le contrat social n’est pas un document écrit, il est toujours implicite. Il résulte d’un équilibre entre les intérêts et les aspirations des divers acteurs de la société. Cet équilibre est comme celui du funambule, constitué d’une somme de petits déséquilibres.
Le contrat social doit être souple, évolutif et résilient. Il est donc impossible de le réduire à un texte. Il n’est pas contenu dans le cadre constitutionnel qui, purement procédural, pose de grands principes, mais ne décide de rien de concret. L’introduction de normes de fond dans la Constitution ne peut donc excéder la généralité des règles qui enfoncent les portes ouvertes.
Ainsi, recoudre le contrat social qui est déchiré n’est pas du ressort de la loi, fut-elle constitutionnelle. La cicatrisation ne peut se réaliser que par le consensus sur un projet. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Quand Obama dit “Yes We Can“ ou Trump propose “Make America Great Again“, ils mobilisent sur un projet qui à un moment fait envie à leurs compatriotes.
A part le “en même temps“ qui n’apparaît aujourd’hui que comme un déni de la nécessité d’une cohérence dans l’action, Macron n’a aucun mot d’ordre. Son Monde mondialisé fait peur. Sa vision d’une France se réalisant dans une Europe radieuse est par trop indirecte.
Indépendamment de la nécessité de renouer avec le respect des élus qui sont d’indispensables rouages de la mécanique sociale, il faut que le Président, cesse de raisonner, et cesse de s’excuser. “Never explain, never complain“, dit-on Outre-Atlantique, ne vous expliquez jamais, ne vous excusez jamais.
Les Français se moquent de savoir si leur Président les aime ou s’il est arrogant, ils attendent de lui qu’il dise où il veut les mener. En deux mots, pas en deux heures de laïus devant le Congrès.
On a compris qu’il voulait mettre la France “en marche“, mais pour aller où ? Avec tout le respect que l’on doit à ses conseillers en communication, il serait bien avisé de proposer : “En avant, la France“, car depuis quelque temps il semble que le gouvernement aille en marche arrière. Cela n’incite pas à consentir à quelque sacrifice que ce soit.
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