L’Allemagne payera !
- André Touboul

- 30 déc. 2018
- 2 min de lecture

Nous avons payé pour la réunification de l’Allemagne. Cela a commencé avec le traité monétaire du 18 mai 1990 entre la RFA et la RDA, la parité entre les Marks de l’Est et de l’Ouest, puis accompli en août/septembre 1990.
Certes la France n’a pas fait un chèque pour aider la RFA à absorber le choc économique et financier, mais en acceptant sans réserves ni conditions la réunification, et l'entrée dans l'Europe de 16 millions d'Allemands pauvres, elle a assumé un coup de frein aussi brutal que puissant à la croissance européenne.
En 1990, la croissance du PIB était : en France de 2,9 % et en Allemagne de 5,3 %. En 1993, elle devenait de – 0,6 % dans notre pays alors qu’elle tombait à -1 % outre-Rhin.
La sensibilité de l’économie française à l’activité en Allemagne est remarquable. Alors que les courbes d’évolution du PIB sont souvent inverses entre la France et le Royaume-Uni, qui est peu synchrone avec l’Allemagne, il existe un parallélisme remarquable entre l’activité allemande et française.
Cette interdépendance aurait justifié que les conditions de l’accueil de la RDA soient négociées.
Il est donc malvenu aujourd’hui pour les Allemands de chipoter sur le partage des efforts financiers à consentir pour que la France soit en mesure de réaliser les mutations nécessaires sans trop de casse, c'est-à-dire : l’abandon de l’Etat-providence qui en fait le champion du Monde de la redistribution, et la réforme de son Administration pléthorique, ce qui commence par l’abolition du statut des fonctionnaires.
L’Allemagne de l’Est était un champ de ruines. Personne en France n’a contesté le bien fondé de la réunification. Mais la potion a été amère. Le soutien allemand à la mutation de l’économie et la société française ne serait qu’un juste retour des procédés. Au demeurant l’Allemagne n’a pas d’autre choix.
Bien entendu, de même que notre contribution à la renaissance de la Grande Allemagne s’est produite de manière indirecte par un ralentissement de notre croissance, nous ne demanderons pas un chèque à Berlin. Ce concours se devra se faire par une prise de risque très modérée à travers l’euro et le soutien de la BCE aux obligations d’Etat.
Les réformes nécessaires françaises ne se feront pas sans heurts ni coût, ni douleur. Il est stupide de demander à la France de réformer profondément son système social en lui refusant tout analgésique. On ne parle pas ici de la distribution de monnaie qui ne résout aucun problème, mais de la baisse d'impôt qui mettant en mouvement les muscles profonds de l'économie sont les seules garanties d'une reprise de croissance.
Les comptables de Bercy devraient, un temps, remiser leurs calculettes et prendre conscience que derrière les chiffres, il y a des vrais gens à qui l’on ne peut tout demander à la fois. Ils devraient enfin comprendre que tout les problèmes ne se résolvent pas par l’impôt, et que, bien au contraire, l’impôt est devenu un empêchement dirimant à toute évolution, car il provoque un rejet massif.
S’ils veulent survivre nos technocrates doivent apprendre à avaler les pilules au lieu de les dorer. Il devront tôt ou tard se résoudre à financer par le déficit de réelles baisses d'impôts, et pourquoi pas se lancer dans une politique de fiscalité compétitive.
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