Juppé, le Joker de Macron
- André Touboul

- 8 janv. 2019
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De deux choses l’une :
- soit Macron n’a pas compris que sa soumission à Bercy, tête de la fonction publique qui à l’inverse de l’Hydre de L’Herne n’a qu’une tête mais plusieurs corps, est la garantie de l’échec de son mandat, et il n’est pas à sa place dans le fauteuil du Président de la République,
- soit il fait mine de suivre les diktats des Finances pour construire peu à peu une contre-élite prête à assurer la relève.
Sans doute sa volonté d’aller à la rencontre des Maires de France, qui sont les derniers élus encore crédibles, milite dans le sens d’un sursaut républicain.
Mais la route est longue et la pente raide, aurait prédit Raffarin. Les technocrates ont placé dans son programme la suppression de la taxe d’habitation pour mater les élus locaux, les contrôler et finalement leur faire perdre le contact avec leurs électeurs.
Le mal est fait. Il lui faudra une imagination considérable pour ne pas dire surhumaine pour définir une nouvelle démocratie locale. En effet la démocratie commence par le consentement à l’impôt et finit avec le ras-le-bol fiscal.
Il n’est pas surprenant que l’on entende ces jours-ci remettre en cause la promesse d’étendre à tous la suppression de la taxe d’habitation. Mais attention, le Conseil Constitutionnel a validé la loi de suppression progressive parce qu’elle conduisait à terme à une mesure générale rétablissant l’égalité devant les charges publiques.
Il devrait donner raison à un Maire qui réclamerait la taxe indûment supprimée.
Qu’il le veuille ou non, Emmanuel Macron n’a pas d’autre solution que de refaire de la politique. C’est à dire des alliances. Il commencera par une partie de la droite, les juppéistes. L’accord est en route pour les européennes. Et l’on se demande si la tête de liste de ce regroupement ne sera pas un Joker, Alain Juppé en personne. Une telle perspective devrait convenir à Edouard Philippe, comme à Bercy. Un coup de maître si derrière le Maire de Bordeaux venaient se ranger les Pécresse, Estrosi et Bertrand.
Nul doute que cela ferait oublier les heures sombres de la popularité en berne et l’on parlerait du Phénix Macron, ressuscité après avoir traversé le feu de la SNCF, et le brasier des Gilets jaunes. Ce rôle de sauveur de la République ne devrait pas déplaire à celui que Chirac appelait « le meilleur d’entre nous », et qui par devoir dût se contenter de « La tentation de Venise ».
Cela serait, de plus, dans l’esprit de certains une clarification de la droite. Avec cependant un inconvénient à plus long terme : le risque de précipiter Wauquiez dans les bras de Marine Le Pen. Un ticket dangereux pour 2022. Mais, trois ans en politique, c’est comme qui dirait jamais.
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