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Quitter la France, ou la sauver ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 8 janv. 2019
  • 4 min de lecture

Que de nombreux Français quittent leur pays a été longtemps présenté comme un fantasme, et au plus un fait insignifiant, ne concernant que quelques exilés fiscaux hyper-riches, dont il serait salutaire de se débarrasser. On se souvient de la une de l’Obs : « casse-toi, riche con ! ».


Toutefois, la création de l’exit taxe, un mur de Berlin fiscal, tendant à décourager voire interdire les départs montrait que le phénomène n’était pas aussi négligeable qu’on le prétendait.


Les chiffres publiés par le géographe Laurent Chalard attaché à l’ECIA de Bruxelles indiquent un déficit de 90.000 personnes, non explicable par des biais statistiques, mais caractérisé par un déficit d’attractivité. Jamais depuis le 19ème siècle la France n’avait connu un solde migratoire négatif.


On peut évoquer la situation économique déprimée et le chômage qui assombrissent les perspectives de ceux qui sont convaincus que leurs enfants connaîtront un sort moins favorable qu’eux.


Comme le sont ces nuisances, le matraquage fiscal serait supportable s’il était justifié par la garantie d’une harmonie sociale. Hélas, il n’en est rien. En effet, l’impôt confiscatoire est présenté comme un instrument de justice.


Ainsi la justice serait la revanche des « pauvre » contre les « riches », ce qui implique que le fonctionnement de l’économie serait une exploitation des uns par les autres. Malgré son nom l’ISF n’est pas une contribution de solidarité à la collectivité, cet impôt destructeur de l’économie est punitif. On ne cesse d’ailleurs d’en louer la portée symbolique, et c’est bien avouer qu’il ne s’agit de rien d’autre que de dresser les Français les uns contre les autres, sans bénéfice pour personne car même en tondant à zéro tous les riches on n’améliorera pas la condition de chacun. 77 % des Français seraient pour le rétablissement de l’ISF, qu’ils ne paient pas, ils n’ont pas la naïveté de croire que cela diminuerait leur propre contribution à la gabegie de l’argent publique. Il s’agit bien de faire rendre gorge aux riches.


Ce poison idéologique, hérité du marxisme, circule dans les veines du corps social et le prive de force, en sapant sa volonté vitale. Comment peut-on avoir envie de construire sa vie dans cette société qui n’a plus que des valeurs négatives, et quand la réussite économique y est suspecte, voire haïssable.


Quelques malintentionnés ont parlé de ruissellement, dévoilant leur conception hiérarchique ringarde de la société de ce siècle. D’autres, maladroits, ont évoqué les premiers de cordée, image qui suggère que certains seraient des poids morts.


Il serait plus convenable d’invoquer la justice. Il est juste, car équitable, que le mérite soit reconnu et récompensé. Il serait temps d’admettre que la réussite n’est pas un délit.


Certes, l’adoration du Veau d’or est une religion détestable, mais y assimiler la volonté d’ascension sociale est l’assurance d’un appauvrissement collectif, par la condamnation de tout progrès.


La raison qui semble dominer dans le désamour des Français pour la France est qu’un nombre non négligeable de Français ne se reconnaissent plus dans la société française.


Insensiblement la douce France s’est aigrie et transformée en République des jaloux et des haineux. Il semble que seuls ces sentiments aient désormais une résonance dans le peuple de ce pays.


Les musulmans, les immigrés, les juifs, les riches, les élus, les gouvernants... tous des profiteurs. Tous sont voués à la détestation populaire.


Les médiats ont leur responsabilité dans ce climat antitout. Ils sont noyautés par des impertinents qui se donnent de l’importance en démolissant ceux qu’ils appellent les « puissants », alors que le pouvoir nuisible à la cohésion sociale est plutôt dans leurs rangs.


Les plus toxiques sont cependant les bureaucrates arrogants qui dirigent le pays et ont une vision archaïque de sa population. Les Français demandent qu’on leur fiche la paix, en bon français que l’on cesse de les « emmerder » disait le normalien Pompidou. Ce sont les intendants infidèles qui ont rendu le fond de l’air irrespirable en prétendant tout régenter avec le retentissant échec que l’on voit. Ce sont eux qui ont expurgé le mot liberté de notre devise nationale au profit d’une égalité de moins en moins fraternelle parce qu’obligatoire. Les vrais profiteurs, sangsues qui prospèrent aux dépens des Français, ces chancres, ce sont les technocrates qui roulent carrosse en prétendant hypocritement défendre les plus pauvres. Ils sont sans égaux dans l’art de dénoncer d’autres coupables qu’eux-mêmes pour la misère sociale. Ils sont à l’abri de la précarité qui touche peu ou prou tout le reste de la population. Et imperturbablement ils continuent à confectionner des lois et règlements qui sont les garrots de toute liberté. Cette liberté dont ils ont fait un gros mot, la rendant responsable de ce qui est le résultat de leur propre incurie.


Alors, faut-il quitter la France ? Prendre son balluchon et aller chercher fortune là où cela n’est pas un crime ?


Non, non, et non ! Ce serait donner raison aux médiocres et aux arrogants qui ont vérolé la démocratie.


Il faut rétablir la primauté du vote sur la rue. Et pour cela redonner leur dignité aux élus. A cet effet, il faut remettre les technocrates à leur place d’exécutants en leur interdisant l’accès au pouvoir de décision.


Si vous voulez juger, ne prenez pas parti. Si vous voulez administrer, ne prétendez pas décider. A chacun son métier et les bœufs seront bien gardés dit le proverbe, il serait temps de le mettre en pratique. Alors, rendons les hauts fonctionnaires inéligibles, c’est à ce prix seulement que la parole sera rendue au peuple, et certainement pas par des référendums bidons ou des grands débats frelatés.





 
 
 

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