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Dissolution, le saut de l'ange

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 19 janv. 2019
  • 2 min de lecture



Luc Ferry est un chroniqueur agréable à entendre, érudit, ses remarques sont souvent profondes, mais quand il s’institue conseil et critique du Président Macron, il perd parfois le recul nécessaire. L’exercice est difficile, critiquer et conseiller, seuls les bouffons du prince y parviennent, et cet habit ne convient pas à l’ancien Ministre de l’Education.


Mais la performance tourne au fiasco quand il en vient à rejoindre l’étrange attelage de Mme Le Pen et des Insoumis sur la dissolution comme remède immédiat à la crise des Gilets jaunes.


On pourrait plaisanter ce chiraquien en lui rappelant la dissolution de 1997, quand Jacques Chirac avait sauté à pieds joints sur un râteau. Mais l’heure n’est pas à la plaisanterie.


En effet, le retour aux urnes n’est en démocratie pas possible tant que le calme et l’ordre ne sont pas revenus. Le vote démocratique n’a pas lieu sous la menace de la rue, il doit être libre et éclairé, ou bien il n’est qu’un simulacre, un saut dans l'inconnu, le saut de l'ange.. Une telle proposition ne s'adresse pas à la raison mais à la fascination du vide.


Le vote ne constitue pas une réponse au désordre, car ses résultats seront contestés par ceux qui rejettent le système, et réclament un changement, comme par exemple le retour à la proportionnelle. Pour quoi faire ? Rien de plus, si ce n’est priver la France d’une majorité parlementaire... et la condamner à l’immobilisme, la démagogie et la dictature des partis charnière. Sans doute ce que souhaitent certains privilégiés de la noblesse d’Etat.


Ferry repousse l’idée d’une Constituante, il n’est pas révolutionnaire. Mais envisageons-le. Élire une Assemblée qui aurait pour mission d’établir une nouvelle constitution, pourquoi pas. Mais est-ce une demande du peuple français ? En aucune manière. Les Gilets jaunes ont demandé bien des choses contradictoires, mais pas de changer totalement de Constitution. Et quand bien même l’auraient-ils fait. Il n’est pas admissible qu’une minorité vagissante impose sa loi à la majorité de la nation.


Disons enfin que seuls les apprentis sorciers peuvent proposer de remettre en cause un vote fraîchement émis en 2017 par un autre vote. Quelle valeur aurait le second ?


Quel poids aurait la démocratie ainsi ridiculisée ? Dévalorisée, elle serait à portée de main du premier despote venu qui aurait tôt fait de faire regretter aux Français le doux temps de leurs libertés. Ce tyran n’existe pas, direz-vous. Peut-être, mais n’oublions pas que si les hommes font les événements, les circonstances aussi font surgir les hommes... les grands et aussi les petits.

 
 
 

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