La peau de chagrin
- André Touboul

- 19 janv. 2019
- 2 min de lecture

Le mouvement Gilet jaune serait une revendication de pouvoir d’achat exposent ceux qui ont ruiné la France en pratiquant la politique de l’allocation à outrance. Et qui préconisent un arrosage social de plus.
De fait, les statistiques montrent que le pouvoir d’achat a fortement augmenté.
Les bénéficiaires sont les salariés et les fonctionnaires, ils n’ont d’ailleurs pas bougé et on les chercherait vraiment chez les manifestants. Leurs lendemains ne chantent pas de manière tonitruante, mais ne les angoisse pas. Ce sont les précaires qui sont sur les ronds-points : chômeurs et retraités.
La précarité n’est pas une affaire nominale, ce n’est pas la misère ni la pauvreté, c’est une crainte pour l’avenir, la peur de manquer.
Contre la précarité, profondément anxiogène, il faut renoncer à distribuer des aumônes impossibles à financer. On ne peut, en effet, pas compter sur l’augmentation des impôts, car comme le disait François Hollande quand il avait encore toute sa tête : trop d’impôt, tue l’impôt. La seule chose utile que l’on peut faire, c’est diminuer les dépenses publiques, pour convaincre le contribuable, le cochon payant, disait-on jadis, que l’on va enfin arrêter de le ponctionner à tout propos. c'est là l’unique façon de cesser de le chagriner.
L’injustice sociale, la plus grande, la plus profonde, c’est le fossé entre ceux qui ont la sécurité de l’emploi et de la rémunération à vie, et ceux qui voient chaque jour leur condition se réduire... comme peau de chagrin.
Rien à voir avec le chagrin. Cette expression vient du roman « La peau de chagrin » d'Honoré de Balzac dans lequel cette peau est une pièce de cuir magique qui exauce tous les vœux de son possesseur, mais qui, à chaque désir réalisé, voit sa taille diminuer, tout en rongeant progressivement la vie de son propriétaire qui meurt quand la peau disparaît après un dernier désir satisfait.
La solution de ce problème est simple pour certains. Il suffit de créer le revenu universel. Dès lors plus d'angoisse. cela revient à étendre, déclare innocemment l'un de ses partisans, le statut des fonctionnaires à toute la population. Même dans la défunte URSS on n'y avait pas pensé.
Dans ce monde merveilleux, on pourrait supprimer le marché, les salariés seraient libérés des contraintes que leur impose le capital. la justice sociale régnerait.
Il y aurait un inconvénient, certes. Mais peut-on s'arrêter à cela. Qui accepterait de se donner du mal pour nourrir, vêtir loger, instruire et distraire la population sans y être obligé ?
Si l'utilité sociale n'est pas reconnue, sanctionnée par une amélioration du sort de ceux qui s'y emploient, et l'on a pas trouvé de moyen plus objectif que la monnaie pour remplir ce rôle, personne ne se sacrifiera pour travailler pendant que d'autres jouissent de leurs loisirs.
Prototype de la fausse modernité l'idée du revenu universel n'est que la résurgence de l'utopie qui veut remplacer la justice sociale du "à chacun selon ses mérites" par le "à chacun selon ses besoins", ou pire, "la même chose pour tous".
En réalité, la solution raisonnable au problème de la précarité est de la résorber en diminuant les charges qui pèsent sur ceux qui travaillent, et ne servent qu'à nourrir les privilèges indus de ceux qui vivent à leurs crochets. Diminuer les impôts, c'est cesser de faire se réduire la peau de chagrin.
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