La stratégie du hérisson
- André Touboul

- 19 janv. 2019
- 2 min de lecture

Un New Deal propose le journal Le Monde au gouvernement, pourquoi ne pas mettre du Roosevelt dans le moteur reprennent d’autres, émerveillés par tant d’originalité.
Cette idée rejoint les observations de tous ceux qui voient un peu partout le retour des années trente. Montée des populismes, réflexes protectionnistes...
La mise en perspective historique permet souvent de comprendre mieux les événements actuels. Cela permet de tirer les leçons du passé. Et c’est d’ailleurs en partie pour cela que l’histoire ne se répète pas, en tout cas jamais à l’identique.
Le New Deal était une relance keynésienne, il s’agissait de mettre plus d’Etat dans l’économie pour suppléer à une asthénie du privé. Le New Deal intervenait dans un univers excessivement protectionniste où l’Etat n’avait pratiquement aucun poids ni rôle.
Mais dans le Monde d’aujourd’hui les maux sont inverses : il y a trop d’Etat, tellement que celui-ci est en faillite ; et les échanges commerciaux sont un moteur qui a tendance à s’emballer provoquant des dommages difficiles à maîtriser.
En France, plus encore qu’ailleurs, le problème économique et social que nous rencontrons est un trop d’Etat. S’il y a une déficience étatique, elle se caractérise par une incompétence due à son obésité.
La crise Gilets jaunes est désormais un problème de maintien de l’ordre. Il est regrettable que de bon esprits perdent leur sang froid pour y voir un séisme social en y projetant leurs propres fantasmes. Néanmoins, il ne faut pas ignorer les causes initiales du mouvement et son développement à la faveur d’un climat d’insécurité économique, sociale et culturelle.
La seule réponse sensée à une situation nouvelle n’est pas à chercher dans les vieilles recettes, mais dans des solutions politiques.
Les pays européens seraient stupides de fermer chacun leur frontière, ils ne feraient que précipiter leur déclin économique. Leur chance de survie est de s’unir pour que l’Europe négocie dans leur intérêt.
De même, si les USA veulent éviter que la Chine ne les dépasse sous peu comme première puissance mondiale, ils n’ont qu’une solution : se rapprocher de l’Europe et cultiver les communautés d’intérêts.
Or, tant en Europe qu’aux États-Unis, c’est en sens inverse que l’on se dirige. Ce n’est pas un New Deal qu’il faut appeler de nos vœux. L’Etat-providence est périmé. Mais un nouvelle voie. Un New Way. Il faut se serrer les coudes au lieu d’adopter la stratégie du hérisson, car sur l’autoroute de l’histoire celle-ci est vouée à l’échec, et nous condamne.
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