La chasse aux alouettes sans têtes
- André Touboul

- 31 janv. 2019
- 2 min de lecture

Le fait incontestable que la France soit le premier pays au monde pour le haut niveau de la redistribution sociale ne cadre pas avec les revendications des Gilets jaunes. Par le fait, les statistiques de l’INSEE, institut économétrique dont l’objectivité n’avait jamais été mise en doute, sont contestées sur les ronds-points.
Casser le thermomètre n’a jamais fait baisser la température, dit-on. Mais aujourd’hui à l’inverse, la société des hypocondriaques bourrée de calmants refuse de se considérer comme assez soignée.
On parle alors de ressenti, un peu comme la science météorologique intègre le ressenti, qui dépend de la vitesse du vent.
Quel est le vent qui souffle sur les braises du mécontentement des Gilets jaunes pour les persuader qu’ils sont des victimes oubliées, voire sacrifiées volontairement de la politique, et aggrave le sentiment de leurs réelles difficultés ? Car, enfin, des difficultés, tout le monde en a ; comme disait Pierre Lazaref à son chauffeur, avant de lui refuser une augmentation : "C'est dur pour tout le monde, Marcel".
Il y a, bien sûr, pour expliquer ce mal être, le chœur des pleureurs dont le fonds de commerce est la compassion vis à vis des "pauvres". Ce sont eux, les docteurs knock en quête de clientèle qui tiennent les médias et orientent l’opinion. Il y a aussi l’accélérateur des réseaux sociaux qui se nourrissent de l'émoi populaire.
Mais il y a plus profond. C’est l’avènement d’une tyrannie nouvelle : la bureaucrature qui montre aux citoyens qu’ils sont impuissants à influer sur leur avenir. C’est ce ressenti de compter pour beurre qui enrage. La révolte des quantités négligées dit-on. Ce sentiment est d'ailleurs général, il ne dépend pas du niveau de revenu, car la bureaucrature a une excuse : elle méprise tout le monde sans exception.
Le bureaucrate, lui seul, connaît les solutions. Au nom de ce principe, il a d’ailleurs discrédité et éliminé la démocratie représentative. La bureaucratie n’est pas nouvelle en France, elle n’a cependant jamais été en première ligne. Désormais le bureaucrate-roi est nu face à la rue.
Mais les Gilets jaunes, ou ceux qui parlent pour eux, n’ont pas raison dans leurs revendications. Elles vont même à contresens de leurs vrais intérêts, à tous points de vue.
Demander de la distribution de pouvoir d’achat, c’est une avancée, mais vers l’abîme. En effet, les bureaucrates n’ont cessé d’acheter leur tranquillité par une politique d’assistanat à outrance qui désormais va faire exploser et réduire à néant le système social de protection dans son entier.
Ceux qui réclament à cor et à cris la démission du Président Macron n’ont pas compris qu’il est l’unique et dernière possibilité de détrôner les bureaucrates, de mettre à bas la bureaucrature, et de restaurer un début de démocratie. Pour l’heure, seuls les élus locaux semblent l’avoir perçu.
Ceux qui hurlent enfin pour obtenir de la démocratie directe, ne comprennent pas qu’ils jouent le jeu des bureaucrates dont les élus sont le seul obstacle à l’exercice de leur tyrannie.
En somme, les Gilets jaunes sont des alouettes qui se laissent abuser par des miroirs de la propagande, et qui refusent la vérité des chiffres, car elles sont sans têtes.
Commentaires