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La fascination du vide

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 31 janv. 2019
  • 2 min de lecture

Confusément nombre de Français espèrent que d’un mal surgira un bien. C’est la seule raison qui explique leur réticence à condamner les méfaits des Gilets jaunes.


De manière toute aussi subliminale, les partisans d’un Brexit no deal, sont intimement convaincus qu’au dernier moment la catastrophe annoncée ne se produira pas et que les Européens continentaux céderont à leurs exigences.


Dans les deux cas, comme dans l’attitude de ceux qui ici ou là se prononcent en faveur des populistes dont ils savent que les solutions simplistes ne seront pas appliquées, car inapplicables, il y a une fascination du vide.


On est tenté d'analyser ce comportement comme celui de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Le désespoir, en quelque sorte. Mais ce à quoi l’on assiste n’est pas du tout une réédition des "raisins de la colère" de ceux qui ont tout perdu pendant la Grande Crise des années Trente.


Mis à part quelques Etats mal gérés comme la France, le chômage n’a pas de caractère massif. Les monnaies ne fondent pas comme de l’eau sur une poêle à frire.


Les populations des pays développés ont intégré que l’émergence de plusieurs milliards d’être humains, encore dans la misère il y a peu, induit pour elles un déclassement relatif. Ce qui est anxiogène, c’est qu’elles sont encore perçues comme un havre de richesse, et se sentent menacées par une submersion migratoire.


L’immigration, cependant, reste un PPR, petit problème de riches. Ce qui est en revanche profondément anxiogène, c’est l’incapacité des élites à montrer un chemin. C’est-à-dire faire leur travail d’élite. En se contentant de condamner le populisme, elles se situent au plan moral sans elles-mêmes se montrer irréprochables, car elles abusent de privilèges qu'elles ne méritent plus.


Les philosophes ne jurent que par la décadence de la Civilisation Occidentale, ils en tâtent le pouls et la déclarent morte à jamais. Les géopoliticiens parlent de déclin, les historiens de délitement. Les artistes… littérateurs… cinéastes… nul ne dépeint de lendemain radieux. Les thèmes qui les animent sont ceux de la fin du Monde, la disparition de notre espèce… leurs perspectives sont toutes plus noires les unes que les autres. Même la science, source d’espoir s’il en est, devient une menace quand on évoque l’ère des robots et du transhumanisme, qui est une sorte d’adieu à l’humanité.


De fait, notre siècle ressemble à celui de Robert Burton, qui décrivit “l’Anatomie de la mélancolie“, comme maladie du 17ème siècle. La mélancolie, c’est la bile noire. L’humeur mauvaise. La mélancolie est l’antiphase de la nostalgie. Au lieu d’idéaliser le passé, on catastrophise le futur.


Notre siècle n’est pas celui des béatitudes. Nul ne songe à préconiser de ne pas regarder les difficultés en face. Mais encore faut-il que ceux qui sont en charge de notre avenir de par leur position sociale éminente affrontent leurs responsabilités. Nous n’avons pas besoin de Cassandre, il nous faut des Christophe Collomb qui enflamment l’imagination, et nous embarquent sur leurs vaisseaux... quitte à se tromper de Continent.





 
 
 

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