Le grand remplacement ?
- André Touboul

- 31 janv. 2019
- 2 min de lecture

L’Islam viendra remplacer le christianisme dans la chrétienté.
Cette formulation est non seulement un fantasme, mais encore inverse à la réalité des faits. Il ne s'agit pas de contester ici le mouvement de tentative de conquête dont le terrorisme n'est que l'expression la plus maladroite car contre productive.
On ne niera pas non plus l'instrumentalisation par les fondamentalismes de la fibre identitaire des musulmans de France qui jusqu'ici étaient d'abord français. On peut comprendre que cela donne le sentiment qu'il s'agit d'une reprise d'une invasion interrompue depuis 732 à Poitiers par Charles Martel, qui comme l'a dit l'humoriste Smaïn l'avait arrêtée "à moitié".
Il faut cependant, dire aussi que la poussée islamiste a réveillé par contre coup les consciences chrétiennes qui s'étaient singulièrement assoupies.
En toute hypothèse, on doit qualifier de fantasme l'éventualité que soit imposée la Charia à l’Europe ou à la France.
Tout d'abord l'Islam ne peut remplacer au pouvoir un christianisme qui n'y est pas. L’Europe politique n’est pas chrétienne, elle est laïque.
C'est heureux car, si l’on devait se contenter de la combativité catholique pour faire échec à la Charia, la guerre serait perdue d’avance. En effet, si les Évangélistes aux Etats-Unis constituent une force politique agissante, et d'ailleurs aussi puissamment active en Afrique, les Catholiques ou Protestants européens semblent déterminés à vivre une foi pacifique et œcuménique.
La force de l’Europe est d’avoir réglé le problème religieux inhérent aux 50 nuances de la foi, porteur de conflits meurtriers. Elle l'a fait par la liberté de conscience qui permet de croire ou non sous la forme qui convient à chacun et de manière plus ou moins nette par une séparation d’avec l’Etat.
Cette distinction qui crée un Etat laïque, dont l'exemplaire le plus catégorique est la France, ne doit pas néanmoins verser dans la naïveté. Le danger serait de se laisser porter à considérer que l’Etat ait le devoir de s’opposer à tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la religion. Il serait stupide de détruire ou compter pour inexistants les fondements culturels judéo-chrétiens de l’Europe, cela ne ferait que faciliter la tâche des islamistes politiques.
Il serait aussi inconséquent de faire renaître les conflits entre laïques et religieux qui furent violents et sont aujourd'hui dépassés.
Il est temps pour les athées tenants d'une laïcité intransigeante de comprendre que le 21ème siècle n'est pas le 19ème. La religion, pacifiquement vécue n'est pas une menace pour la liberté ; elle n'a pas à être proscrite, et rien n'est plus improductif que de ne pas respecter les racines d'un peuple.
Il faut être bienveillant avec les bienveillants et ferme avec ceux qui ne le sont pas, ne serait-ce que parce que la différence d'attitude est une dette à l'égard des doux et un investissement pour l'édification des acides.
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