Pluralité de l’information ?
- André Touboul

- 31 janv. 2019
- 2 min de lecture

La confiance dans les médias ne cesse de diminuer, c'est ce que montrent les sondages qui se succèdent impitoyables.
A quoi attribuer ce désamour ? Il est loin le temps où l'on disait : c'est écrit dans le journal, donc c'est vrai. Aujourd'hui, on est tenté de declarer l'inverse.
Ce ne sont pas les populistes comme Trump qui sont responsables de cette catastrophe culturelle. ils l'exploitent, mais ne l'ont pas créée. En effet, ils seraient bien en peine de fabriquer l'écart ressenti par le citoyen entre la réalité qu'il constate et le discours médiatique. ils n'ont de prise ni sur l'un, ni sur l'autre.
Cette sorte de jetlag qui prend devant les médias laisse penser que l'on ne vit pas dans le même pays, et parfois dans le même monde que les médiâtres. Ils se sont confectionné un univers qui ne ressemble que de loin au nôtre. Ils imaginent un peuple théorique obsédé par les inégalités, et des rapports sociaux idéologisés par une sempiternelle lutte des classes, bref une société qui n'existe que dans leurs têtes. C'est le monde qu'ils ont appris dans les écoles de journalisme dont l'enseignement date du siècle dernier et n'a pas été mis à jour. Ce phénomène de discordance est aggravé par une vision uniforme de l'ensemble des médias, et un langage convenu qui insensiblement se rapproche de la Novlangue d'Orwell.
On nous affirme pourtant que la pluralité de l’information n’est pas en cause.
Laurent Joffrin patron de Libération déclare à qui veut l'entendre qu’il ne subit pas de pressions de la part de son actionnaire SFR, ni des annonceurs. Il est sincère. Et il a raison, car lui comme le reste de la presse de droite comme de gauche véhicule la même pensée unique dont ils ne présentent que des variantes acceptables par l'establishment.
Le Mercato des journalistes est là pour démontrer que la plupart d’entre eux est compatible avec la plupart des médias.
Prenons, Franz-Oliver Giesbert. Il commence au Nouvel Observateur, passe au Figaro et termine au Point. Et voici Natacha Polony qui passe du Figaro à Marianne.
On a pris ici deux exemples parmi les meilleurs, de fortes personnalités. Ils montrent à l’évidence qu’il y a compatibilité entre la presse de droite, de gauche et du centre. Ceux qui ne l'ont pas compris ne font pas carrière.
Dans l’audiovisuel la situation est encore plus claire. On passe de RTL à Europe, en passant par le secteur public. Mais surtout l’information est confiée à des animateurs qui n’ont de journalistes que le costume.
Alors, la liberté d’expression ? Une foutaise puisque l’on est libre de s’exprimer seulement si l’on pense comme il faut. L'ennui, c'est que ce conformisme est une régression obscurantiste, et en aucune manière la marque d'une ouverture d'esprit.
On peut appeler à la renaissance de l'intelligence, il faut être conscients qu'elle passe par un renouvellement de la caste médiatique. Beaucoup de résistances, de cris et de larmes en perspective, car ce ne sont pas les organes de presse qu'il faut changer, mais ceux qui les occupent.
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