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L’Europe, notre zone à défendre

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 21 févr. 2019
  • 3 min de lecture

A ceux qui nient la culture européenne, ou prévoient sa mort prochaine, quelques intellectuels ont opposé une fin de non-recevoir en signant une pétition. Celle des Trente. À Athènes, les Trentes étaient des tyrans. On aurait choisi un autre chiffre.


Jamais une pétition n’abolira la bêtise, aurait dit Malarmé. Néanmoins, le sursaut est louable. L’initiative était heureuse. On pourrait dire, qu’elle était indispensable, tant les médias sont encombrés de ceux qui ne voient que le verre à moitié vide dès qu’il n’est pas à ras-bord, et avec une sorte de jubilation morbide oublient que l’Europe n’est pas un sujet de critique mais une ZAD, notre zone à défendre.


On doit y ajouter une question. Quelle autre culture que celle de l’Europe ?

Les Européens étaient ridicules quand, au 19ème siècle, ils prétendaient apporter la civilisation au monde, car il n’était que trop visible qu’ils songeaient d’abord à leurs intérêts. Le colonialisme était trop cynique et parfois brutal pour rendre crédible cette mission qui pourtant a existé. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui est aussi un principe né de notre civilisation a fait justice de ces errements.


Aujourd’hui, ceux qui vont comme des Diogenes misanthropes répétant que les civilisations sont mortelles et que donc la nôtre approche de sa fin, sont priés de nous dire quelle alternative ils proposent. Car porter le deuil n’est pas un projet de vie. Du « c’était mieux avant » à ceux pour qui les lendemains sont muets. Autrement dit de Zemour à Onfray, l’avenir est vide.


Qu’on le veuille ou non, il existe un patriotisme européen. On le découvre quand on quitte l’Europe ; on voit vite que le mondialisme n’a pas le même goût partout.


Au lieu de se lamenter sur l’impuissance de l’Europe et ses lacunes, chantons ses louanges car elle seule se propose de surpasser ses propres contradictions dans une liberté ouverte. On annonce la montée de la Chine comme première puissance mondiale, mais qui veut de la civilisation chinoise ? D’ailleurs y en a-t-il une ? L’art de vivre, les Chinois viennent s’en imprégner en Europe. Il n’y a pas de modèle chinois qui soit substituable au nôtre, n’en déplaise aux maoïstes des années 70 et aux adulateurs du petit Livre Rouge que les dirigeants chinois ont jeté dans les poubelles de l’histoire.


Même, l’exemple Nord Américain, dont pourtant l’on mâtine à plaisir les plus estimables de nos traditions, n’est pas vraiment enviable. La société américaine est violente, et cette violence résulte pour une grande part de sa culture communautariste. Elle vient aussi de la primauté accordée au dollar sur tout ce qui fait lien dans la société. Ainsi la marchandisation des biens culturels est un appauvrissement. A de multiples égards, à la différence des modes, le progrès ne vient pas d’Outre-Atlantique. La vieille Europe a des attraits auxquels nous ne sommes pas prêts à renoncer et possède les capacités créatrices de projet de société supérieures à tous autres.


Les reproches que l’on fait à l’Europe sont contradictoires ils sont une preuve d’exigence, et sont loin de la condamner.


On accuse l’Europe d’être une bureaucratie, une contrainte et à la fois d’être trop libérale en exigeant la liberté de circulation. Mais voudrait-on d’un marché sans règles communes ?


On souligne les disparités entre les États européens, en oubliant qu’elles sont infiniment moindres que celles des grands ensembles comparables. Et surtout on perd de vue que c’est en Europe que les politiques de convergence et d’entre-aide sont les plus développées.


On attend trop de l’Europe en ne cessant de dénoncer son impuissance politique. Car l’Europe politique n’est pas vieille, c’est même la plus jeune des grandes nations organisées.





 
 
 

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