Le maintien de l’ordre exige un certain maintien, mais aussi une efficacité certaine
- André Touboul

- 21 févr. 2019
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Un chercheur du CNRS, Sebastian Roché, sort de son bureau pour déclarer dans la presse qu’il y a un lien entre l’Etat de droit et l’usage des LBD. Plus précisément encore, il relie le niveau de démocratie et l’emploi d’armes pour contenir les foules, par ce qu’il appelle entre guillemets (les guillemets sont importants), le « maintien de l’ordre ».
Dire que l’usage de la force est le signe d’une démocratie malade du désordre, c’est enfoncer une porte ouverte. Mais notre chercheur va plus loin et semble indiquer que ce serait le maintien de l’ordre lui-même qui serait l’agent pathogène et démocraticide. Ce fait serait dû aux méthodes employées toujours trop énergiques. Le reproche est malvenu dans notre pays où les morts du fait de la force publique sont rarissimes, et sans commune mesure avec celles que l'on compte dans d'autres pays pour des situations comparables. Depuis le Préfet Grimaud en 1968, la police observe une prudente retenue, et l'on peut dire qu'elle assure le maintien de l'ordre avec un certain maintien. Néanmoins, la critique reste acerbe, car ce qui est illégitime aux yeux de nos sociologues, c'est l'ordre lui-même.
La thèse est classique chez ceux qui rêvent d’une « autre démocratie ». Celle de la rue, des comités de salut public, ce qu’en russe on nomme les soviets. En pratique, il s’agit de dénier à la démocratie le droit de se défendre contre les factieux, et les casseurs qui ne cassent pas que du mobilier urbain, mais s’en prennent aux institutions.
En démocratie, n’en déplaise à Monsieur Roché, il n’y a qu’un moyen de remettre en cause les institutions, c’est le vote. Les voies de la violence sont des pratiques totalitaires. Sous peine de discréditer leur discipline, les sociologues doivent renoncer à imiter Trofim Lysenko qui sous Staline faisait de ses lubies dialectiques des vérités scientifiques. les urnes qu'il préférait étaient funéraires.
Il serait temps que les nostalgiques de la dictature du prolétariat redescendent sur terre. Tout simplement parce que le prolétariat n’existe plus. On a beau le chercher en larmoyant sur les difficultés de chacun, on constate que ce qui est en cause chez les turbulents, c’est aujourd’hui le pouvoir d’achat, et bientôt l’âge et le point de retraite. On est loin de Zola et de Dickens.
On ne conteste pas que la paire de claques soit la marque d’un échec éducatif. Cependant quand le problème est là, il faut bien remettre les pendules à l’heure avec la proportionnalité requise, mais sans faiblir, car la mollesse ne ferait qu’aggraver le désordre.
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