top of page

Algérie, la paille et la poutre

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 19 mars 2019
  • 3 min de lecture

On reproche à Emmanuel Macron de ne pas s’exprimer sur la situation algérienne que l’on présente comme un bourgeonnement printanier. Pour l’inviter à agir, on invoque la nécessité d’encourager la démocratie partout où elle se manifeste, et en particulier quand il s’agit d’un pays qui pour des motifs historiques et en raison des liens qu’entretient avec lui une importante minorité qui vivant en France en est originaire, et dont bon nombre de membres revendiquent une double nationalité.


A ceux qui affirment qu’il ne peut pas se taire, les partisans d’un silence prudent répondent en prévenant du risque qu’il y a à attiser le désordre et agitent le spectre d’une guerre civile qui précipiterait en France quinze millions d’Algériens. Cette perspective n’existe pas, pour la simple raison que l’Algérie a déjà, avant Bouteflika, connu dix années de braise sans qu’il n’y ait eu aucun exode de réfugiés.


Plus pertinents sont ceux qui pour justifier le mutisme de notre Président invoquent le fait que s’immiscer dans un débat où la prise de position française serait une ingérence étrangère, prétexte à tous les excès, et les rejets. En somme, il n’y aurait que des coups à prendre et de mauvais. Ainsi, le silence serait dicté par le respect de la souveraineté algérienne et non par une indifférence au peuple algérien ou une connivence avec le pouvoir en place.


D’autres invoquent avec quelque pertinence la nécessité de préserver les intérêts commerciaux français, et en particulier notre approvisionnement gazier.


Quelques-uns, enfin, avec malice, remarquent qu’il est empêtré dans une succession de manifestations de Gilets jaunes qui tarde à prendre fin, et qu’ainsi notre Chef de l’Etat, ne peut décemment pas encourager la rue algérienne à faire du hors-piste constitutionnel.


Il y a dans tout ceci a une part de vérité et de fantasme, mais la raison fondamentale pour laquelle le Président Macron fait aussi bien de se taire est qu’il n’a rien à dire.


L’Algérie se réveille, dit-on. Mais elle n’est pas la Belle au bois dormant, endormie par un Président soporifique. C’est qu’on le veuille ou non une Nation en cours de gestation. Et pour l’heure, mis à part le sentiment anti-français issu de la décolonisation qui est partagé unanimement, le seul élément national qui fait lien en Algérie, c’est son armée. Chaque pays a son armée, mais en Algérie c’est l’armée qui a son pays.


Les milieux intellectuels français se gaussent de ce pays ligotté par des militaires, mais comme le dit la parabole de la paille et de la poutre, ils critiquent le régime algérien, mais ne voient pas que notre beau pays est lui-même dirigé par une caste de fonctionnaires tous sortis du cul de la même poule. Leurs pratiques sont comparables à celles des généraux. Ils se servent de l’Etat au lieu de le servir, et monopolisent le pouvoir. Ils ont leurs généraux, nous avons nos énarques.


Pour donner des leçons de démocratie, il faut avoir les cuisses propres, or par les temps qui courent la démocratie française se cherche... espérons qu’elle finisse par se trouver.


Le Président français, a salué la décision du Président Bouteflika de ne pas se représenter, c’est le service minimum. Il n’aurait aucune légitimité à se prononcer sur la suite qui ne regarde que le peuple algérien seul. Les belles âmes gardiennes de toutes les vérités à géométrie variable qui l’invitent à soutenir un printemps hasardeux seraient plus crédibles si elles n’étaient les mêmes qui ne manquent jamais de fustiger à tout propos le néocolonialisme français.

 
 
 

Commentaires


bottom of page