Insupportable
- André Touboul

- 19 mars 2019
- 2 min de lecture

Ce qui est insupportable, ce n’est pas que Décathlon fasse des profits avec un article vestimentaire, même si c’est avec un argument sous-jacent prétendument religieux, rien n’interdit de faire de l’argent avec de la religion.
Cela n’est pas plus choquant que lorsque tel ou tel commerçant décrète une mode ou réalise une publicité qui donne une image contestable de la femme réduite à un statut d’objet.
Ce qui n’est pas acceptable, c’est que telle ou telle femme, comme par exemple Aurore Berger, ne puisse donner son opinion sur la question du voile sans être taxée d’islamophobie. C’est faire insulte à l’Islam de le réduire à un fichu. Et c’est aussi outrager l’intelligence des Français que de présenter une obligation faite aux femmes de se voiler comme un usage anodin, alors que ce n’est pas une coutume, mais une résurgence, et que cette pratique a évidemment un sens de revendication politique.
Paradoxalement, pour des pays où les droits de la femme sont protégés, parfois jusqu’au ridicule, le phénomène du voile n’interpelle pas chez les Anglo-saxons qui condamnent comme une violation de la liberté individuelle la loi française qui interdit dans certaines circonstances, le port du voile, comme d'ailleurs d’autres signes ostentatoires.
Mais si aux États-Unis, c’est la liberté de la femme de se voiler qui est mise en avant, cette acceptation d’une liberté purement formelle est rendue possible par le fait que la minorité musulmane ne présente pas le port du voile comme une revendication politique, et encore moins comme une volonté d’imposer la Charia. Il s’agit là-bas d’un simple fait communautaire. La culture américaine se sent d’autant moins menacée que les Musulmans y sont ultra minoritaires, moins de 0,9%. Rappelons pour mémoire, que l'on y compte deux fois plus de Juifs : 1.9 %.
Quant au Royaume-Uni, où l’on dénombre 4,4 % de Musulmans, la tolérance aux coutumes exotiques est, de fait, une indifférence enracinée dans la très ancienne conviction d'une supériorité du peuple anglais et de sa culture. On peut y voir un reste de la superbe de cet Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. On peut aussi y déceler le signe que l’égalité des droits des femmes y a encore quelque progrès à accomplir ; malgré les trois reines qui ont marqué l’histoire du Royaume ; en effet, les femmes, à la différence des garçons, ne peuvent toujours pas hériter du siège de leur père à la chambre des Lords. Les récentes protestations à cet égard de cinq filles de Lord font écho au combat des femmes tunisiennes pour l’égalité héréditaire.
Les condamnations indignées de la pratique française de la laïcité sont donc à peser avec un certain recul.
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