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Le cercle vicieux du pognon perdu

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 19 mars 2019
  • 3 min de lecture

Le discours critique des élites de gouvernement se heurte à l’incompréhension des médias qui soulignent l’aspect hautement démocratique de la méritocratie française et opposent que tout un chacun peut se présenter à des élections.


Il est vrai que les élites de pouvoir sont ouvertes, en ce qu’elles ne sont pas réservées par la naissance à une classe sociale, et tirent leur légitimité de concours, c’est à dire d’une certaine forme de mérite. Mais de fait les concours (sciences Po, ENA...) sont formatés pour convenir à une catégorie sociale qui a assimilé les codes d’une pensée correcte par son environnement familial. D’autre part, le sort de chacun dans cette noblesse du diplôme est fixé une fois pour toutes par des épreuves passées entre 20 et 25 ans. Faire partie de cette élite est une garantie de soutien à vie. Ces éléments sont connus de tous. Mais ce qui l’est moins et n’est pas du tout démocratique, c’est que les détenteurs du pouvoir ne sont pas les élus comme on le dit et le répète, mais les bureaucrates.


Les vrais gouvernants sont, en France, les hauts fonctionnaires. Les élus ne sont que des paravents. Tous pourris, cumulards, prévaricateurs... ils endossent tous les péchés de la démocratie représentative, alors que les bureaucrates se parent de la majesté du service “désintéressé“ de l’Etat.


Telle est l’escroquerie morale dont les Français sont victimes. On leur fait croire que l’élection ne sert à rien, car leurs élus, incompétents et malhonnêtes, gouvernent mal. De fait, le seul crime des représentants du peuple, et il est grand, c’est d’avoir abdiqué devant la classe sournoise des Grands Commis qui fait assumer par d’autres les conséquences de ses propres échecs.


Les bureaucrates ne sont élus par personne, ils sont irresponsables et garantis d’un emploi à vie. Leur pouvoir, ils l’ont conquis en se rendant maître de l’exécutif, et en rabaissant sans cesse le Parlement, sous prétexte de modernité. Malheur à l’élu qui se croyant revêtu de l’onction du suffrage populaire aurait la prétention d’aller contre leurs vues. Très vite on exhumera des cadavres de quelque placard pour le ramener à l’obéissance.


Ce système aurait pu perdurer si les bureaucrates n’avaient pas, par facilité et par conformisme à l’éducation reçue, mis le doigt dans l’engrenage fatal de la redistribution. Ce cercle vicieux commence par un beau principe, la solidarité. Il se poursuit par l’impôt qui, au-delà d’un seuil considéré comme confiscatoire, loin de réduire les inégalités, les aggrave, et y ajoute un sentiment d’iniquité. En effet, d’une part, l’impôt est un frein à la création de richesse, et de l’autre les titulaires de hauts revenus s’arrangent toujours, tant qu’il leur reste une part de liberté, pour transférer sur de moins solides qu’eux les conséquences des prélèvements qu’on leur fait subir.


Ce phénomène, Emmanuel Macron l’a résumé par cette phrase : la redistribution coûte un pognon de dingue et les gens sont toujours aussi pauvres. Bien entendu, les hiérodules des médias ont fait mine de ne pas comprendre, et ont accusé le Président de renier la solidarité. En réalité, il n'a fait que déplorer une évidence, les efforts de plus en plus grands demandés aux uns le sont en pure perte.


Cet aveu est phénoménal. Jamais personne n'avait admis cet état de fait. On est en France très fier de redistribuer,mais cela ne sert à rien.



Un cercle vicieux, par définition n’a pas de fin, les causes et les effets s’y enchaînent sans cesse et s’aggravent. A un moment, l’on aboutit à la révolte fiscale. Pour briser cette malédiction, il faut rendre le pouvoir aux politiques afin qu’ils prennent leurs responsabilités, et les assument. Or, ce que nos bureaucrates ont imaginé est l’inverse. Court-circuitant les élus, ils vont à la pêche aux mesures qui calment, dans les boîtes à idées populaires, sur lesquelles est inscrit en lettres d’or : Yaka ! On peut certes féliciter nos grands fonctionnaires d’avoir admis que la vérité pouvait résider hors des polycopiés de leur enfance.


Mais ce pas est insuffisant. Ils doivent redevenir républicains, et se mettre au service des représentants élus du peuple, et non de la rue. Ils doivent aussi convenir que le service le plus éminent n'est pas celui de l'Etat ; car l’Etat n’est pas supérieur au peuple, il n’en n‘est que l’expression politique, c’est-à-dire l’instrument.






 
 
 

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