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L’internet et la lampe d’Aladin

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 17 avr. 2019
  • 2 min de lecture

Il y a deux sortes d’intelligence artificielle : celle qui rend plus intelligent et celle qui rend plus bête. L’ennui c’est que c’est souvent la même. Internet, par exemple, permet de décupler l’information accessible, à l’infini.


Mais il donne aussi accès à des viralités toxiques : fausses informations, théories fumeuses, fausses nouvelles.


Ésope disait que la langue est la meilleure et la pire des choses. On peut en dire autant de l’IA.


Tout d’abord, disons qu’il existe un génie d’Internet, comme il y a un génie de la langue. Chaque langue possède un génie propre, chacune offre un terrain favorable à des idées, façons de voir le monde, savoir vivre et savoir-faire particuliers : les génies respectifs du français, de l'anglais, de l'allemand, de l'espagnol, de l'italien, de l'arabe, de l'hébreu, du russe, du chinois etc. diffèrent tous les uns des autres.


Le Français, par exemple, est la langue du raisonnement ; la vérité ne peut se concevoir dans un discours en Français sans une articulation démonstrative. L’Allemand est la langue de l’émotion. Elle est construite pour affirmer. Elle partage ce trait avec le latin qui présente la même construction. La place du verbe y est inverse de celle des langues dites latines et qui ne le sont que par leur vocabulaire. L’Anglais, enfin, est l’idiome de l’action ; c’est un lieu commun de dire qu’elle est pragmatique. L’accès à la vérité se réalise par l’expérience.


On peut dire que le génie de l’internet est à l’image de sa structure. Il est arachnéen. L’esprit s’y meut sans orientation apparente. La pensée qui se développe sur le Net procède par ricochets, en zig-zag et sans plan préétabli. L’avalanche d’informations aiguise l’esprit critique qui opère plus par rejet que par système.


L'internaute livré au # ou aux moteurs de recherche, lance des mots dans l'océan des données et le Bon génie comprend ce qu'il veut. Mais, souvenons-nous, d'Aladin et sa lampe merveilleuse, les services des Génies comportent toujours des pièges.

Tel Aladin qui croit dicter sa volonté au Génie, l'internaute est les jouets de projets commerciaux qui sous couvert de gratuité font de lui une vache à lait; un producteur de données utilisées ensuite contre lui, et en tout cas pas avec l’obligation de rechercher son bien, ni lui rendre des comptes. Ainsi à la fin de la fable, c’est le Génie qui triomphe et nous enferme dans ses algorithmes.


Il existe néanmoins un moyen de résister. Et c'est comme Aladin de se montrer plus malin que le Génie, son pas renoncer à ses services, mais, le prenant à son propre jeu le faire retourner dans sa prison. Ce moyen s'appelle l'imagination. Nous sommes infiniment plus intelligents que n'importe quel robot. Par exemple, montrez à un enfant deux dessins de chat, il reconnaîtra cet animal toute sa vie sans jamais faire d'erreur. Pour obtenir un taux de réussite de 90% d'un robot, vous devez le nourrir de plusieurs milliers d'images. C'est pourquoi, plus d'un site vous demande de prouver que vous n'êtes pas un robot par un simple test d'images. Alors, employons une méthode simple, traitons l'internet non comme un sachant, mais comme un témoin qu'il faut sans cesse contre-interroger, pour vérifier qu'il ne nous ment pas en nous présentant comme vrai ce qu'il nous croit disposés à accepter.



 
 
 

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