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Les France ennemies ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 17 avr. 2019
  • 2 min de lecture



Les sociologues ont coutume de présenter la France comme coupée en deux.


Ces experts sont toujours à la recherche de clivages pour opposer les uns aux autres. Leur dernière lubie en date est de dresser la France rurale contre celle des villes, comme si leurs intérêts étaient contraires. Une nouvelle version, non pas du rat des villes et du rat des champs qui aurait eu plus de pertinence, mais une nouvelle lutte des classes sur laquelle on se rabat, vu la disparition du monde ouvrier.


La réalité est moins dialectique, et loin d'être binaire. Il existe bien plus que deux France, on peut en compter cinq : celle des centres urbains piétonniers où prospèrent les Bobos, celle des laborieux qui dans les banlieues passent chaque jour des heures dans les transports en commun, celle des grandes banlieues pavillonnaires où l’automobile est indispensable, celle de la qualité de vie provinciale qui elle aussi entend disposer de véhicules de loisir, et la France rurale qui se déplace surtout pour avoir accès aux services publics.


Ces différentes France ne sont pas contraires, et encore moins ennemies, elles sont complémentaires.


Pour être opposés, il faudrait qu’il n’existe aucune perméabilité entre ces groupes. Or l’appartenance à ces univers différents est une affaire de choix. Certes, on peut invoquer un déterminisme social à grands coups de statistiques qui montrent que l’on préfère vivre dans le milieu où l’on a grandi. Mais les communications sont ouvertes à tous. Dans la société industrielle les ouvriers ne devenaient jamais banquiers et les maîtres de forges ne finissaient jamais à la mine. Dans la France d’aujourd’hui, les provinciaux montent à la Capitale, les Bobos peuvent s’en aller élever des chèvres "bio" dans le Larzac, les banlieusards vont parfois chercher une meilleure vie en province, et les centres ville revivent un peu partout en se piétonnisant.


N’en déplaise aux sociologues patentés, ces libertés existent et elles sont la richesse de notre pays. Nul ne pourrait s'en aller battre la campagne en criant "mort aux urbains", ou proposer de pendre les Bobos à des crocs de bouchers. Il n'existe aucun mépris de classe dans quelque sens que ce soit. Dans ce domaine la France a épousé son siècle. Cela n'exclut pas des négociations et rapports de force ; les solutions ne se feront jamais pour les uns au détriment des autres, mais dans des conjonctions d'intérêts. Car c'est le propre de tout contrat, auquel le fameux contrat social ne fait pas exception, que de ménager un équilibre des droits et obligations, et d'exclure les clauses léonines.


Ainsi, peut se définir un Etat juste, celui où les volontés s'accordent et où nul n'est contraint à accepter des contraintes sans contreparties.



 
 
 

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