L'Europe, notre maison de famille
- André Touboul

- 17 avr. 2019
- 2 min de lecture

Au moment où la Grande Bretagne sort de l'Union européenne dans la douleur, il n'est pas inutile de rappeler le fameux «discours à la jeunesse étudiante» que Winston Churchill tint à l’université de Zurich en 1946 : «Mais il y a un remède: [...] en quelques années l’Europe [...] vivrait libre et heureuse. Il consiste à reconstituer la famille européenne, ou tout au moins la plus grande partie possible de la famille européenne, puis de dresser un cadre de telle manière qu’elle puisse se développer dans la paix, la sécurité et la liberté. Nous devons ériger quelque chose comme les États-Unis d’Europe.»
On doit néanmoins remercier le Royaume Uni d'avoir, une nouvelle fois dans l'histoire, montré la voie. Cette fois, la mauvaise à ne pas suivre, car Winston Churchill n'était pas là pour l'éclairer.
On peut faire et l'on fait des reproches à l'Europe : trop bureaucratique, trop libérale, pas assez politique, trop envahissante, insuffisamment présente, trop complexe, uniformisatrice à l'excès. Ils sont justifiés, mais souvent contradictoires.
L'Europe réunit des nations qui ont chacune leur spécificité, mais qui vues de l'extérieur constituent un peuple. Le problème est que celui-ci n'a pas tout à fait conscience d'en être un.
Pourtant les valeurs humanistes fondamentales sont partagées, les tentations populistes aussi. Et cela montre bien que l'Europe fait plus que population, car un peuple s'individualise autant par ses qualités, que par ses défauts.
Redonner au peuple européen le sentiment de son identité familiale nécessite d'abord de lui fixer des frontières. C'est à dire mettre fin au dogme de l'élargissement sans fin. La revendication de délimiter l'Europe, désormais majoritaire, est d'évidence la preuve de l'existence d'un peuple européen.
Notre Europe, c'est également une monnaie qui présente des avantages, mais aussi des contraintes, dont la principale est d'instituer la convergence des politiques, notamment fiscales. Les dirigeants français devraient à cet égard se persuader que converger, n'est pas adopter leur position si progressiste soit-elle (ce qui reste à prouver), mais rapprocher les points de vue. Il est, par exemple, stupide de déplorer les disparités entre Etats quand les uns font du dumping fiscal et les autres pratiquent le repoussoir.
Chacun le reconnaît : les économies des pays européens sont étroitement imbriquées. Mais, l'on ne peut borner l'Europe à un organisme économique ; les intérêts du peuple européen sont plus que cela. Dans la maison commune, il y a la salle à manger, mais aussi le salon, la bibliothèque. Nos liens sont historiques et culturels. Il est, d'ailleurs, topique de voir nos eurosceptiques critiquer l'Union au nom de valeurs identitaires communes et pour se disperser tenter de se coaliser au delà des frontières nationales.
On a dit et redit que l'Europe est une garantie de paix, mais l'Europe est plus qu'un parapluie, plus qu'un espace économique, l'Europe est notre maison de famille. Nous y sommes chez nous, ailleurs nous sommes en visite. Alors n'y mettons pas le feu, quand il suffirait d'un petit coup de peinture fraîche.
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