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Pour renverser la table, Macron bouscule les chaises

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 13 mai 2019
  • 3 min de lecture

Plusieurs commentateurs déçus de ne pas avoir entendu le Président annoncer de vastes économies dans les dépenses publiques et le retrait de l’Etat de la sphère économique en ont conclu à un « adieu au libéralisme ».


C’est un contre-sens, pour plusieurs raisons.


D’abord, ils ont mal écouté. Emmanuel Macron a très clairement évoqué les économies qui devaient résulter de la suppression de structures inutiles en elles-mêmes ou de celles qui le deviendront du fait du transfert effectif de compétences aux Régions. La France jacobine ne sera jamais libérale, c’est par la régionalisation qu’elle pourra se guérir de sa longue maladie bureaucratique.


Ensuite, ils n’ont pas remarqué que Macron a changé du tout au tout l’orientation de la doctrine de l’Etat. Jusqu’ici, il n’y avait de salut que dans l’impôt et l’allocation. Et pour vaincre le chômage, on prônait la civilisation des loisirs. Le Président parle de la nécessité de travailler plus non pour gagner plus, comme le promettait Sarkozy, mais simplement pour répondre aux défis du monde actuel, c'est une inversion des pôles.


Pour un auditeur vivant sur Sirius, et observant avec bienveillance le sort de ce peuple singulier qui se nomme français, et se veut le plus libre de la Terre tout en s'asservissant toujours plus à l'Etat, Macron a renversé la vapeur, sinon la table, en changeant le logiciel du pouvoir. Mais il a fait mieux, il a aussi renversé les chaises. Celles des Grands Commis, en s’attaquant à leur Reine mère de la ruche, l’ENA qu’il supprime. Ce que nul n’a jamais osé faire. Tous en rêvaient de Fabius à Juppé, Macron le fait. Il a aussi, et c’est plus courageux encore, déclaré vouloir supprimer les Grands Corps, et revoir les évolutions de carrières. Il est hallucinant que les médias n’aient pas relevé cette révolution des sièges éjectables. Manque de culture historique ou parti pris, sans doute les hiérodules qui ont le privilège de pouvoir s’exprimer et « causer dans le poste », auraient dû commenter cette annonce sans précédent qui bouleverse la structure même du pouvoir en France. Avec la suppression de l’ENA, on rompt avec le régime en place depuis la Libération, pour celle des Grands corps, c’est l’Empire que l’on déboulonne. Si Macron réussit, ce sera vraiment la VIéme République.



Ce combat inédit a des aspects économiques fondamentaux, mais aussi sociétaux, car c’est la doxa de la haute fonction publique qui a légitimé le communautarisme dans notre pays, au prétexte d’une modernité importée des Etats-Unis.


Reste à savoir qui de Macron ou de la Haute fonction publique aura le dernier mot.


L’opposition, notamment de droite, a ici perdu une occasion de placer l’intérêt de la France, au dessus de ses minables calculs de boutiquiers électoraux, On aurait souhaité que dans les rangs de ceux qui critiquent la bureaucratie sans jamais avoir osé l'affronter, on soutienne le Président pour ce combat où il se trouve bien seul.


On aurait voulu aussi l’entendre approuver les réponses apportées par Emmanuel Macron à la crise identitaire, largement née de l’utopie multiculturelle. En rupture avec son discours antérieur hérité de son passé énarchique, le Président a vanté l’art d’être Français. Il n’a pas hésité à parler de la nécessité des frontières, de l’Europe, mais aussi de la France, et annoncé une révision des accords de Schengen, qui, il le reconnaît, « ne marchent pas ». Certes le rôle de l’opposition est de s’opposer, mais pas de jouer les pleureuses contre l’intérêt du pays et du peuple de France.



 
 
 

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