Après les européennes, Macron "for ever"?
- André Touboul

- 29 mai 2019
- 4 min de lecture

A tirer à boulets rouges sur Macron, qui fait une politique dont eux-mêmes rêvaient sans oser l’initier, Les Républicains se sont déconsidérés. Il n’était pas crédible d’invoquer le « pas assez » pour s’opposer aussi frontalement qu’ils l'ont fait.
Leur électorat n'a rien compris à leur stratégie. Alors que leur intérêt était de pousser à la roue, dans le bon sens, l'intermède dans lequel la Droite a mêlé ses voix aux Insoumis et autres gauches pour réclamer un référendum afin de s'opposer à la privatisation de la société Aéroport de Paris était la marque d'un retour à l'étatisme aussi ringard qu'incompréhensible. Cela révélait surtout une obsession anti-Macron. Et un pari stupide qui consistait à inviter les Français à militer pour l'échec de la France.
Au delà des ces contradictions, les méthodes d’opposition employées par Les Républicains ont été essentiellement centrées sur des attaques ad hominem. Les pantomimes sénatoriales autour du sieur Benalla ont lassé, et d’autres assauts en dessous de la ceinture ont été infructueuses.
Confondre opposition avec boules puantes a écœuré le peuple de droite qui se reconnaissait d’autant moins dans ses représentants qu’ils ne lui proposaient qu’une compétition démagogique avec le RN assez peu enthousiasmante. A ce jeu où l'on se dispute le caniveau, Wauquiez, qui pensait former le dernier carré, ne pouvait que se faire siphonner des voix par les lepénistes. Le chef du parti anciennement gaulliste a perdu de vue que si la Droite partage souvent les réactions épidermiques de l'extrême droite, elle n'aime pas qu'on le lui rappelle. Si la déroute n’a pas été plus cinglante, c’est au talent d’un F.X. Bellamy, comme sorti tout frais émoulu d’une nouvelle de Maupassant, que le parti Les Républicains, le doit.
Pendant ce temps, Macron consolidait sa position. Partie de rien, ou de peu, si l'on compte les 9 % de l'UDI-Modem en 2014, sa liste a fait jeu égal avec l’extrême droite. Le socle de soutien qui l’avait fait parvenir au second tour des présidentielles, partiellement recomposé et droitisé par l'afflux des électeurs de Fillon, a résisté aux coups de boutoir des Gilets Jaunes qui décidément en sont pour leurs frais.
Quant à Madame Le Pen, elle s'est ridiculisée en clamant victoire, alors qu’elle fait moins bien qu’en 2014, et en réclamant de nouvelles élections législatives (?). Elle a montré ainsi qu’elle devrait retravailler son droit constitutionnel, et n’a décidément pas le niveau pour gouverner la France. Elle oublie, en outre que les européennes sont des élections à la proportionnelle et qu’il ne sert pas à grand-chose d’arriver en tête, surtout si en termes de sièges cela ne change rien. En effet, il y aura autant de députés En Marche que Lepénistes. Le cocorico légèrement enroué de Marine Le Pen fait plutôt l’effet d’un couac.
Les Verts qui sont toujours favorisés par le scrutin européen sont loin de réaliser les scores des autres pays où ils sont usuellement qualifiés pour participer au pouvoir, comme en Allemagne. Les Insoumis, enfin, ont démontré que sans Mélenchon, ils sont de peu de poids ; cela ne surprend pas, car ils offrent pour tout potage le ministère du bagout.
Ainsi le paysage politique français n’a pas été renversé par ces européennes. Macron a conservé sa meilleure adversaire, l’héritière Le Pen. Tel était son but. Les Républicains qui avaient résisté aux législatives ont implosé. Et nul doute que Wauquiez, qui a atteint l'Himalaya du ridicule en rendant Macron responsable de sa défaite, se maintenant contre mauvaise fortune, il y aura des transfuges vers des cieux macrono-compatibles. Après le siphon, la plumaison.
Tout ceci démontre, à l’évidence, qu’à part Macron, la scène politique française est vide. Sauf événement imprévisible, tel qu’un attentat du type machine infernale à la Benalla qui le carbonise politiquement, ou alors du genre Petit-Clamart qui règle son sort physiquement, on s’oriente vers un second mandat du même Président.
Qui pourrait souhaiter que Macron soit mis hors-jeu ? A part les Gilets jaunes qui ont déjà jeté leur venin en vain, on ne voit que les « manches de lustrine ». Ce sont ces ennemis qui depuis juillet 2017 lui reprochent son autoritarisme, c’est à dire de ne pas leur obéir alors qu’ils l’ont « fabriqué ». Ce sont ceux à qui il a déclaré la guerre en avril dernier en annonçant la suppression de l’ENA, leur maison mère, et surtout celle des Grands Corps, leurs lieux de pouvoir. Ceux, les mêmes, dont il a tenté de désolidariser les troupes en laissant entendre qu'il renonçait à son projet de réduire de 120.000 les effectifs de la fonction publique.
Les médias ont fait mine de ne pas comprendre ou même entendre cette déclaration qui est une révolution majeure décidée par le Président et tend à mettre fin au règne d’une certaine élite française qui par la voie royale de l’Etat domine le pays, avec les résultats que l’on sait.
Il serait bien improbable que de tels intérêts, ces droits acquis mis en danger par ce vrai changement, ne réagissent pas. Leur silence est d’ailleurs inquiétant. On sait qu’ils ne resteront pas inertes. Et leur réponse sera d’autant plus terrible qu’elle se prépare dans l’ombre et le silence.
Qu’on se le dise, ce sera désormais Macron for ever, ou Macron for never.
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