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Échanger Einstein contre Darwin

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 29 mai 2019
  • 2 min de lecture

L’enjeu majeur de notre époque est le passage du mode de pensée darwinien à celui d’Einstein. En peu de mots, nous sommes dans une période de transition entre la lutte pour la vie, le struggle for life, et le règne de la gravitation.


On insiste aujourd’hui beaucoup sur les forces centripètes égoïstes qui agitent le monde, mais on constate surtout que le « chacun pour soi » se heurte à l’imbrication des intérêts. Des malheurs du Brexit aux difficultés de la négociation entre les USA et la Chine apparaissent les forces économiques qui au-delà de la volonté des politiques et des États établissent des communautés d’intérêt impossibles à rompre sans dommages majeurs.


Ainsi les éléments cohésifs se montrent plus importants que ceux qui poussent au conflit. Certes des rééquilibrages sont à l’œuvre, car l’économie est un tissu vivant en perpétuelle mutation, mais dans une planète de plus en plus petite, les solutions efficaces et pérennes seront toujours celles qui dépassent les conflits. Depuis Tchernobyl, nous savons que le malheur de nos voisins même lointains ne s’arrête pas à nos frontières, et que nous le voulions ou non, nous sommes solidaires, et concernés par tout ce qui arrive de par le monde.


Dans l’univers de Darwin, la compétition donne la victoire au plus fort, dans celui d’Einstein la gravitation universelle consacre une cohésion entre tous les acteurs, qu’ils soient des objets célestes ou des groupes humains. La gravitation est, en effet, ce lien d'attraction qui existe entre les objets que l’on croit séparés par le vide.


Au vingtième siècle, on pensait que certains peuples pouvaient, comme par le passé, en détruire d’autres et étendre leur empire par la guerre... l’espace vital, le lebensraum pouvait s’étendre au détriment des autres nations ; cette théorie n’était qu’une expression de la sélection naturelle, elle a démontré ses limites et sa toxicité.


Dans notre époque, on sait que les ajustements territoriaux ne se feront plus qu’à la marge, les guerres de conquête sont derrière nous, et il est clair que le progrès ne proviendra que de la capacité de chacun de tirer profit d’une collaboration.


On voit aussi que les résistances grandissantes des pays développés aux migrations jugées agressives bien que non belliqueuses ne laissent pas d’autre voie que celle d’un équilibre négocié avec les zones en difficulté, non pour les recoloniser, mais pour y instaurer des principes de développement collaboratif « gagnant/gagnant ».


La lutte des classes, enfin, expression sociale du darwinisme, est aussi dépassée. Il s’agit maintenant de construire sur les communautés d’intérêt qui existent entre les différentes catégories sociales, entre les territoires, les modes de vie concomitants qui doivent être conçus comme complémentaires. Là aussi, la gravitation doit se montrer la plus forte.

 
 
 

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