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En ville, la chasse aux séniors est ouverte

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 17 juin 2019
  • 2 min de lecture

On avait compris que dans le Monde nouveau, pour les séniors, la fête était finie. D’évidence, ils faisaient partie de l’ancien monde.


Il est clair que n’étant plus ceux que l’on dénomme population active, même quand ils sont au chômage, leur utilité marginale est devenue asymptotique de zéro. Il ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, tant ils ont abusé des douceurs du déficit public qui consistait à reporter les efforts sur les générations suivantes. A l’heure des comptes, on leur présente l’addition. La CSG augmente mais leurs retraites ne sont plus indexées.


Le monde n’appartient plus à ceux qui meurent tard. Ils encombrent. Les EPAD sont pour beaucoup inaccessibles, car hors de prix, et pour bien d’autres elles sont un lieu de maltraitance.


Malgré cela, les séniors étaient prêts à croire qu’il s’agissait d’un malentendu et que les pouvoirs publics allaient revenir à de meilleurs sentiments et plus de respect, comme au temps ou eux-mêmes cédaient leur place assise aux personnes âgées.


C’était s’illusionner. Nos dirigeants, atteints par la religion du jeunisme, n’ont cure du bien-être du troisième âge, préférant favoriser les modes de transport à la mode, réputés écologiques. On l'avait constaté à leur politique du « tout bicyclette »; pour les anciens le vélo est difficile à pratiquer ailleurs qu’en appartement, ou en milieu médicalisé. Voici venir le règne de la patinette.


Les séniors réalisent qu’il s’agit désormais de leur survie, car c’est maintenant sur la voie publique et plus précisément les trottoirs que la chasse aux vieux est ouverte. Pour eux les conséquences d'une collision ne sont peut-être pas immédiatement mortelles, mais les blessures qui en résultent le sont souvent à terme.


Les défenseurs de la trottinette usent de l’argument de la modernité pour clouer au pilori les rétrogrades qui s’en plaignent. On n’ira pas les contredire sur ce terrain, bien que l’engin en question ne soit pas né de la dernière averse technologique, pas même dans sa version électrique qui est plus que centenaire. On ne dira pas plus, pour rabattre leur caquet qu’il s’agit d’un retour à l’enfance, encore que ses usagers se comportent souvent avec une désinvolture infantile.


Le vrai problème que pose ce véhicule, car c’en est un, est que sur les trottoirs il est incompatible avec les piétons, surtout ceux qui sont les moins agiles et les moins attentifs, de par le différentiel de vitesse qu’accroît la propulsion électrique.


N’en déplaise aux Bobos un peu bolos qui croient faire tendance, en se précipitant sur toute prétendue nouveauté, il faudra faire respecter effectivement l’interdiction de ces engins sur les circulations piétonnes, c’est à dire de facto, les proscrire de nos villes. En effet, il a bien fallu ces derniers jours enregistrer un mort parmi les trottinettistes. C’était, d’ailleurs sur une voie de circulation, ce qui montre que l’engin ne fait pas meilleur ménage avec la circulation automobile.


On pourrait s’insurger contre une interdiction de plus, et avancer la théorie du risque accepté par les pratiquants de ce mode de transport, mais, ce risque, quand les autres piétons l’ont-ils accepté et quand les automobilistes se sont-ils résignés à devenir des tueurs de faux piétons malgré eux ?

 
 
 

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