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Quand la fée électricité peut se muer en sorcière

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 17 juin 2019
  • 2 min de lecture

Il est de multiples domaines dans lesquels l’Etat n’a pas sa place et devrait se retirer. Mais la fourniture d’électricité n’en fait pas partie. Tout d’abord au niveau de la distribution, le monopole qui relève de l’évidence technique interdit que l’on s’en remette à un opérateur privé. Pour la production, la prépondérance du nucléaire ne permet pas de multiplier les intervenants. C’est donc de manière parfaitement arbitraire que l’on a créé une concurrence artificielle en suscitant des intermédiaires qui sont de simples courtiers dans une énergie qu’ils ne produisent pas ou peu, ni ne distribuent. Ces structures parasites étaient conçues dans l’intérêt du consommateur, selon l’idée de faire baisser les prix par la seule vertu magique de la concurrence.


L’effet est aujourd’hui inverse. L’augmentation brutale de 6% des tarifs d’EDF est, en effet, motivée par la « nécessité » de sauver les opérateurs privés qui sont, dit-on, en grande difficulté financière. Mais qui sont ces infortunés ? On peut citer Total, Engie, l’italien ENI, Antargaz, Direct énergie... ce sont de fait des spéculateurs sur le marché d’une énergie qui à la différence du pétrole ne se transporte pas ou mal, et doit être consommée pour l’essentiel sur place.


On a du mal à y croire, mais cette histoire de fou est la triste vérité dénoncée par L’Autorité de la Concurrence, dont l’avis contredit la demande d’augmentation de la Commission de Régulation de l’énergie (la CRE). Avec un cynisme effarant, J-F.Carenco, Président responsable de cette institution indépendante donc irresponsable avance que l’augmentation des tarifs se justifie par le fait que cette énergie est plus chère en Allemagne.


C’est oublier que la structure des coûts de la vie est différente d’un pays à l’autre, et que d’une meilleure maîtrise de l’isolation des logements, la facture est plus faible outre-Rhin. Étrange idée, en outre, que de devoir s’aligner sur les plus chers. Elle est dangereuse, car, bien que l'histoire ne se répète que rarement à l'identique,on n’imagine rien de mieux pour inciter les Français à renfiler leurs gilets jaunes. Ainsi la fée Electricité pourrait bien se transformer en sorcière.


Le Conseil d’Etat est saisi de la divergence entre la CRE et l’Autorité de la Concurrence. Macron serait bien avisé de s’emparer du dossier, et au besoin de changer la loi si elle est absurde, car ce sera lui qui au bout du compte en sera tenu pour responsable par l’opinion. Alors que les séquences «Grand débat» et «élections européennes» se sont conclues à son avantage, il ne peut se permettre de dilapider ce maigre capital, non pas dans la perspective de sa réélection qui n’est pas menacée, mais pour se donner l’autorité d’avancer dans son ambition de réorienter le chemin critique des réformes.

 
 
 

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