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Les philosophes d’aujourd’hui produisent de la philosophie jetable.

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 11 juil. 2019
  • 3 min de lecture



Il existe de nos jours deux types de professionnels qui s’intitulent philosophes.


En premier lieu, il y a ceux qui, à la façon du diététicien, l'ex-docteur Dukan, discourent sur la vie bonne, et proposent des recettes pour se comporter bien. Ce sont des moralistes qui ne s’assument pas. Ils dissèquent les lieux communs pour en donner des éclairages nouveaux. Leur manière est de remettre à la mode de grands auteurs dont ils soulignent les aspects «éternels » des écrits. Dans cette mouvance, André Conte-Sponville s’appuie sur Montaigne, d’autres exhument Spinoza... nul doute qu'en cherchant bien Pascal ou Cicéron seraient de bon conseil. Il est toujours valorisant de se trouver en compagnie de noms célèbres, même si leurs œuvres n’ont pas de pertinence majeure pour le monde d’aujourd’hui. Ce sont de bonnes lectures pour les candidats au baccalauréat.


La seconde sorte de philosophes se soucie de ce qu’est vraiment la philosophie, c’est à dire la science de la pensée. Parmi eux, Michel Onfray s’autorise de ses connaissances plus que complètes des courants de pensée pour picorer ça et là, mais avec un sens critique que lui commande sa conviction d’être supérieur à tous et à chacun de ceux dont il enseigne avec talent la substantifique moelle. Hélas, quand il exprime ses idées personnelles, il verse dans la banalité, et l’on cherche sans résultat un système de pensée coordonné qui mérite le nom de philosophie. Sans doute, le désir d’être accessible pour régner sur les médias, ne le prédisposait pas à labourer profond.


Dans une interview de Bernard-Henri Levi sur France Culture, celui-ci reconnaît qu’il existe une certaine incompatibilité entre la scène médiatique et le travail philosophique fondamental. Il est vrai que l’ego est l’ennemi de la rigueur de pensée. Dans la foulée, il y commet un lapsus révélateur : en évoquant sa période de conseiller de Mitterrand (François), qu’il situe à une époque préhistorique (sic), il déclare que le Président n’a rien appris de leurs entretiens avant de rectifier : c’est lui, BHL, qui n’en a rien retiré d’important.


Dans le même passage radiophonique on entend François Mitterrand, lui-même, qui dit que la philosophie commence avec Saint Augustin... ainsi Platon et Aristote, avec la kyrielle de philosophes grecs qui ont fondé notre faculté de penser passent à la trappe... l’attrape-nigaud bien entendu. Autre confidence de notre philosophe décolleté : toute sa pensée est déterminée par trois « contre ». Contre le naturel, contre le National et contre un autre truc que j’ai oublié... le marxisme peut-être. Une pensée qui ne pense que contre est infirme. Elle connaît du « faux », mais ignore le critère du vrai.


On reconnaît à BHL une faculté d’indignation, mais, hémiplégique mental, il est incapable de construire. Or, la philosophie est d’abord une construction intellectuelle. Une vision cohérente du monde. Il est inutile de révoquer la vision moniste de la pensée grecque et judaïque qui fonde le monothéisme et la monarchie ainsi que toute vérité qui s’articule sur l’unité primaire de l’être, théorisée par Leibniz ; il est vain aussi de refuser la conception hégélienne de l’opposition des contraires, si l’on ne leur substitue pas un mode de pensée qui fasse système et permette de concevoir la réalité par une structure distinctive du vrai et du faux.


Il faut mettre hors jeu, le paradigme métrique qui ne voit du réel que ce qui se mesure. C’est un outil parfait pour les sciences dites exactes, mais n’apporte rien à la connaissance de l’entendement.


Les modes de pensée multipolaires évoqués par Michel Seres ou Edgar Morin qui proposent d’utiliser des méthodes propres à chaque disciplines ne permettent pas plus d’envisager autre chose qu’une réalité fragmentée.


Si la philosophie est un moyen de comprendre la réalité de l’univers dans son unité, il faut recourir à la pensée cohésive tripolaire. Dans cette conception on ne peut définir le vrai que s’il répond à une conjonction de la forme, de la substance et de la dynamique de chaque objet. La vérité de ce siècle qui vient sera déterminée par ces trois éléments irréductibles et nécessaires.


Si vous avez un doute sur la nature d'un objet demandez-vous d quoi il est fait, quelle est sa forme distinctive et quel est le mouvement qui l’impulse. Ayant répondu a ces trois questions vous aurez défini la quidité de cet objet, c'est à dire ce qui fait qu'il est lui et rien d'autre.




 
 
 

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