Les USA et nous, une relation ambiguë.
- André Touboul

- 11 juil. 2019
- 3 min de lecture

Oui. Trump a une sale gueule, le type ébouriffant à force de se coiffer de travers. Bien sûr, Donald est le gars que l’on aime détester, le goujat étalon, et pas une seconde on envisagerait passer des vacances avec lui. Mais, que cela nous plaise ou non, il est le Président des Etats-Unis, et probablement le restera, grâce au système électoral américain qui pondère les voix selon les États et des critères qui doivent plus leur logique à une histoire capricieuse qu’à la raison.
Avec un certain aveuglement nos médias entonnent des couplets qui détaillent la stupidité, la maladresse, la nocivité du personnage dans des incantations qui laissent peu de place à l’objectivité. Ils devraient cependant reconnaître que s’il parle mal avec nous, il converse avec le dictateur nord-coréen et fait bouger des lignes figées depuis 1953.
On devrait aussi savoir gré à Trump d’avoir rompu avec l’hypocrisie de ses prédécesseurs qui sous les grandes embrassades et déclarations d’amitié défendaient avec âpreté l’intérêt américain. Cette subtilité, qui n’était pas perçue en Europe ni de par le Monde, n’apparaissait pas non plus clairement aux américains moyens qui croyaient porter la planète à bout de bras. Trump est, de fait, une caricature qui poursuit avec maladresse et brutalité la politique de ses prédécesseurs.
Les européens se comportent vis à vis des Etats-Unis de manière infantile. On voit les Américains comme des grands frères protecteurs. Mais ce rôle de composition ne correspond pas à la nature d’un pays profondément individualiste.
En France, on a commémoré ceux qui étaient venus nous libérer en 1944, et qui depuis nous protègent contre l’ogre russe. Nous leur devons une reconnaissance éternelle... mais peut-être excessive. Car on passe sous silence, qu’en fait, s’ils nous ont libérés, c’était en passant pour aller vaincre l’Allemagne nazie qui leur avait déclaré la guerre dans la foulée de Pearl Harbour. Et qu’en ce qui concerne la France, c’était la République américaine qui se trouvait redevable d’une aide apportée lors de sa naissance et sa guerre d’indépendance. Cette dette historique n’a pas empêché les USA d’envisager et de commencer à mettre en œuvre en France à la Libération l’AMGOT, un gouvernement américain provisoire, ce qui a obligé De Gaulle à quémander l'aide de Staline.
En demandant cyniquement de l’argent pour sa protection alors que c'est aussi les USA qui sont concernés, et en déclarant America first pour le business, formule reprise de celle utilisée par Woodrow Wilson en 1919, Trump a libéré l’Europe de sa dette morale. Il devrait en être remercié.
Ceci dit, on reproche aux Etats-Unis de pratiquer la guerre par des sanctions commerciales, mais n’est-ce pas préférable à la guerre conventionnelle. Certes il y a des victimes, mais la violence n’est pas de même nature.
Au nom de quoi peut-on reprocher aux Etats-Unis de refuser de commercer avec des pays qui les agressent ? Quand les iraniens ont-ils racheté la stupide prise d’otage de l’ambassade américaine ?
Bien entendu l’obligation de pratiquer les « sanctions » s’étend à d’autres pays qui doivent choisir leur camp : commercer avec les USA ou l’Iran... et pour l’immense majorité d’entre eux le choix est évident. Nul ne force nos banques et nos entreprises à s’établir sur le marché américain, mais si elles le font, il n’est pas surprenant, ni illégitime que les USA y posent des conditions. Quand la Chine réglemente l’accès à son marché, nul ne songe à protester.
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