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Le problème du Brexit est celui du Titanic

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 25 août 2019
  • 2 min de lecture

Étranges Britanniques. Après avoir voté pour sortir de l’Union européenne, ils avaient désigné en la personne de Theresa May une Premier Ministre qui s’y était opposée, et ils avaient cru sur parole son engagement d’y procéder. Sans mettre en doute sa sincérité démocratique, il était prévisible qu’elle n’aurait pas la conviction nécessaire pour y parvenir, tant la tâche est... compliquée, pour employer un mot que les Français utilisent pour dire qu’une chose est impossible.


Il faut dire que ce choix fut celui des Conservateurs. L’échec de Mme May, démontrant en outre l’incapacité du Parlement à s’accorder sur une formule de Brexit, aurait dû conduire à retourner devant les électeurs pour renouveler la population de ce temple de la démocratie. Bien au contraire, c’est par un vote réservé aux Conservateurs que le nouveau Premier Ministre a été désigné. On ne change pas une équipe qui perd.


La légitimité de Boris Johnson pour conduire le pays est plus que discutable. Sa seule force est que face à lui se dresse un Jeremy Corbin, Mélanchon à l’anglaise, qui est un véritable repoussoir pour les personnes raisonnables, lesquelles se refusent à lui confier le pouvoir, ne serait-ce qu’un instant, même si elles sont en accord avec sa position sur le Brexit.


Le désarroi est tel que l’on se demande, de l’autre côté de la Manche, si la Reine ne va pas devoir s’en mêler. God save the Queen, mais elle, saura-t-elle sauver l’Angleterre ?


Ce drame shakespearien qui hésite entre le tragique et la comédie est d’autant plus curieux qu’il est strictement britannico-britannique. Le reste de l’Europe observe stupéfaite se déliter ce qu’il y a peu elle prenait pour un Empire, exemple de pragmatisme et de démocratie. Le pire du Brexit est qu’il aura fait perdre toute crédibilité au Royaume Uni.


Quoi qu’en dise Mr Johnson qui les dit responsables de tout, les continentaux ne peuvent pas grand chose pour lui faciliter la tâche. Les questions économiques pourront se régler dans le temps, plus ou moins bien et probablement mal, mais la question irlandaise n’a pas de solution intermédiaire. Soit il est rétabli une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande au risque réel de rallumer un conflit armé, soit il n’y aura pas vraiment de Brexit, soit enfin une troisième voie serait celle du déplacement de la frontière entre la Grande Bretagne et l’Irlande du Nord ; cela conduisant à terme à l’unification de l’Irlande.


Personne n’avait évoqué ni vu ce problème qui est apparu aussi brusquement qu’un iceberg avait stoppé en 1912, un certain paquebot lancé à pleine vitesse vers le large.


On voit mal Boris Johnson décider de larguer les amarres avec la province irlandaise du royaume. Il n’en a pas le pouvoir, ni le mandat. Son seul choix est de fermer la frontière irlando-irlandaise en espérant qu’il aura le temps de négocier un statut particulier pour Belfast... conduisant à terme à la réunification de l’île. Dans cette perspective, on pense à ce fier et grand navire qui justement fut construit à Belfast et que l’on appela Titanic.

 
 
 

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