Mercosur, de moins en moins sûr.
- André Touboul

- 22 sept. 2019
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Quand, excédé par son élite, un peuple élit un soudard pour le représenter, il prend un risque qu’il ne mesure pas toujours. Les relations entre la France et le Brésil ont toujours été peu nuageuses, si l’on oublie quelques piques comme celle bien connue de Clemenceau (pas François, le journaliste télé, l’autre, Georges) qui avait déclaré « le Brésil est un pays d’avenir, et il le restera ». Lassés par la corruption et l’insécurité que des dirigeants de gauche avaient laissé s’installer oubliant « l’ordre » qui avec le « progrès » formait leur devise, les Brésiliens ont élu une grande gueule, un grossier personnage mal équarri, en la personne du petit capitaine Jair Bolsonaro. Une sorte de Trump, disait-on.
Mais si le Président américain peut se permettre impunément des écarts de langage, il n’en est pas de même pour le Brésilien. En se montrant, à la suite de son incorrection vis à vis de Le Dorian, goujat vis à vis de l’épouse d’Emmanuel Macron et en laissant son ministre des affaires étrangères insulter notre Président, il est désormais triquard en Europe. En effet, il a perdu de vue non seulement les règles de la bienséance, mais aussi celles de l’Union européenne qui exigent que, pour entrer en vigueur, les traités négociés par la Commission soient approuvés par tous les États. C’est parfois une contrainte, mais en l’occurrence, pour la France, une force. Si Bolsonaro ne vient pas à Canossa, pour s’excuser platement, et présenter des garanties, il n’y aura pas de Mercosur. Et il aura laissé pratiquer une déforestation inutile, puisque le Brésil n’aura pas un accès libre au marche européen. Peut-être perdra-t-il aussi une part de ses débouchés actuels, car on parle de boycott des produits brésiliens, ici et ailleurs. Bolsonaro devra méditer cette vérité commerciale : on doit toujours respecter le client.
Le comble de la sottise aura été sans doute de reprocher à Macron d’être sensible aux intérêts agricoles français. Cela a montré, en effet, que les intéressés avaient raison de craindre le Mercosur.
On croit rêver quand le sieur Bolsonaro exige, pour accepter l’aide financière du G7, des excuses du Président Macron, coupable de l’avoir accusé de mensonge sur la protection de la forêt amazonienne. Le contribuable français appréciera. Certes on souhaiterait aider les Brésiliens, mais ils ont voté pour un individu qu’il serait choquant de financer. Le meilleur service à leur rendre serait de montrer que ce type de dirigeant n’a pas d’avenir.
Aaron James professeur de philosophie à l’Université de Californie,Irvine, a théorisé la notion de « asshole » que l’on pourrait traduire par « malappris », en langue châtiée, ou Robert Sutton, professeur à Stanford, qui a écrit « Objectif-zéro-cons », ont développé une analyse selon laquelle la civilisation est fondée sur l’éviction des malappris.
Thomas d’Aquin : « Omnes stulti et deliberatione non utentes, omnia tentant... », soit, en français, « Tous les sots, et ceux qui n'usent pas de discernement, ont toutes les audaces... ». Ce que Michel Audiard, dans Les Tontons flingueurs, a adapté dans une formule devenue culte : « Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. »
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