Mélenchon au pilori, mais la République dans tout cela.
- André Touboul

- 22 sept. 2019
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Quand il se pose en martyr, invoquant les mânes de dictateurs sud-américains, ou le soutien d’un leader brésilien emprisonné pour corruption, Jean-Michel Mélenchon creuse sa propre tombe politique.
Quand il bouscule un magistrat devant des caméras, ou hurle les yeux exorbités à la face d’un policier impassible, il choque.
Mais quand il dit « la République, c’est moi » » en s’adressant à la même personne dépositaire de l’autorité publique, il a parfaitement raison. Des policiers, il y en a dans tous les régimes, y compris dans les États dits policiers. Des parlementaires librement élus sont le cœur de notre République. Ils méritent le respect, surtout de la part de ceux qui détiennent de par la loi le privilège d’user de la force. Bien entendu, pour être respectés les élus doivent se comporter de manière respectable. En l’espèce, Mélenchon a perdu son calme et s’est mal conduit en tentant d’user de la force de la bousculade.
L’épisode lui fut très préjudiciable, car le public, spectateur de la scène filmée en direct, donnait l’impression qu’il y avait quelque chose à cacher au siège des Insoumis.
Il est vrai que les descentes de police et de magistrats dans les sièges de partis politique comme s’il s’agissait de tripots clandestins où d’officines l’on trafique de l’alcool frelaté, sont devenus monnaie courante. Cette dérive devient préoccupante pour notre démocratie.
Il n’est pas sain que pour des motifs financiers les juges fassent des perquisitions au siège des partis politiques, ou au domicile de leurs dirigeants. Se saisissent de documents et d’ordinateurs. Si ces pratiques avaient lieu à Moscou, on en ferait les gorges chaudes. Certes la justice est chez nous indépendante du pouvoir. Mais elle n’est pas indépendante d’un certain militantisme, voire d’un activisme certain.
Rien ne garantit que les éléments saisis ne seront pas utilisés à des fins politiques. Que l’on ne prétende pas que le secret de l’instruction garantit la confidentialité des contenus, on sait qu’il est inexistant.
Les partis politiques et les élus de la République sont en charge d’un service public. Ils doivent être protégés.
Si l’on soupçonne un mésusage de fonds publics, il est parfaitement loisible d’enquêter sans se livrer au grand cirque inquisitorial des perquisitions. Le Parlement européen l’a démontré en exigeant le remboursement d’indemnités par exemple par Marine Le Pen, le plus simplement du monde. Le tribunal de l'Union européenne, en juin 2018, avait jugé que la présidente de l'ex-Front national n'avait "pas été en mesure de démontrer que son assistante assurait des tâches effectives pour elle".
En France, on veut tout criminaliser, aussi l’on ne se contente pas du remboursement, il faut de la condamnation pénale, et donc la charge de la preuve incombe au ministère public... d’où la propension à perquisitionner qui ne profite ni à la démocratie, ni aux juges.
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