Un Brexit doux avant tout pour que Dieu sauve la face !
- André Touboul

- 6 oct. 2019
- 2 min de lecture

Quand on agite les terreurs de l’an mil pour décrire le sort de la Grande Bretagne après Brexit, avec ou sans deal, et les désastreuses conséquences pour les économies continentales européennes et possiblement pour le commerce mondial, on exagère, et, de fait, on alimente et fortifie l’opinion eurosceptique chez les Grands-îliens.
Néanmoins, les faits sont là. Depuis 2016, la livre a perdu 20% face à l’euro. Cela a été constaté par les Britanniques désireux de passer leurs vacances sur le Continent. Ils ont réduit ou annulé leurs séjours. Au Portugal, par exemple, la chute a été de 30%. Le Brexit n’a pas encore eu lieu, mais l’effet d’anticipation sur la monnaie est sensible.
De même, les frontières britanniques ont déjà été fermées pour les non-européens et ces derniers hésitent à aller s’établir en Angleterre, craignant de ne pouvoir s’y établir durablement. Par le fait certaines professions sont en manque d'effectifs.
Tout ceci ne fera pas changer d’avis les Anglais, qui, on le sait, sont durs au mal. Pas plus que ne les ébranleront la sécession de l’Irlande du Nord passée déjà par pertes et profits, dans l’esprit du public.
Le départ de l’Ecosse sera plus douloureux. Mais se plaçant après le Brexit, les Anglais hausseront les épaules, et serreront les dents. on évoquera Marie Stuart, et une bonne tasse de thé fera passer l'amertume.
La seule valeur à préserver dans les circonstances présentes est la capacité de dialogue entre le Royaume Uni et l’Union européenne. Si dans le divorce le capital confiance est jeté à la poubelle, les conséquences économiques seront désastreuses. Si, par contre, il est préservé, les effets d’une séparation que rien de rationnel ne justifie seront limités au strict nécessaire.
Boris Johnson a mis une proposition sur la table. L’Union doit lui renvoyer la balle avec une concession qui prouvera qu’elle croit en sa force. Si les portes claquent, nul n’en sortira gagnant.
Espérons donc que les négociateurs européens et britanniques sauront ne pas jouer au blame game, et qu’ils conserveront leur calme afin que l’on évite de s’envoyer la vaisselle à la figure. Plus que la séparation de corps, c’est cette rupture sentimentale qui ferait des ravages. God save the face, est-on tenté de souhaiter.
Si la rupture ne se passe pas trop mal, les Anglais n 'auront qu'une seule idée, renégocier des accords partiels qui mis bout à bout aboutiront peu ou prou à la situation présente. Elle sera moins favorable pour eux car, si le monde entier sera leur jardin, c'est un univers de moins en moins ouvert, où ils ne pèseront rien.
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