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L’Allemagne de l’Est annexée ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 9 nov. 2019
  • 3 min de lecture




En parlant d’annexion de l'Allemagne de l'Est par celle de l'Ouest, Mélenchon délire, mais il n’est pas seul, de soit-disant spécialistes de l’Allemagne désirant expliquer la montée du populisme dans l’Est, n’hésitent pas à écrire que la réunification y est vécue comme une quasi-annexion.


Confondre Anchluss (rattachement) et Einheit (unité), c'est oublier que la division en deux de l'Allemagne fut une conséquence de sa défaite, et une sanction infligée au peuple allemand. Justifiée en son temps, mais qui ne pouvait être perpétuelle sans nourrir une rancœur profonde des deux côtés d'une frontière imposée.


Dès lors que le mur était tombé, la réunification (Einheit) devenait une urgence, pour maîtriser l’exode des forces vives de l’ex-RDA. Il a néanmoins eu lieu en partie, les opportunités étant plus immédiates à l’Ouest. On ne sort pas du Communisme et de sa sclérose en une génération.


L'accusation d'impérialisme portée contre la RFA est d'autant plus injuste que le coût de la réunification allemande a été gigantesque, et payé exclusivement par l'ouest qui a admis une parité entre les deux DM. Outre ce sacrifice, le coût actuel est chiffré par les économistes allemands à 2000 milliards d'euros. Ce montant est calculé par la différence entre les aides perçues par les "Ossis" et les impôts qu'ils ont versés. Il représente, à lui seul, près de 65 % du coût total de la réunion. Les villes et les Länder de l'ancienne RDA ont également touché 560 milliards d'euros en subventions sous formes diverses (Pactes de solidarité, Fonds pour l'unité allemande...).L'accusation d’impérialisme portée contre la RFA est d'autant plus injuste que le coût de la réunification allemande a été gigantesque, et payé exclusivement par l'ouest qui a admis une parité entre les deux DM.


C’est aussi perdre de vue un peu vite que les autres pays européens ont aussi supporté ce coût. A travers la mise en place de l’euro d'une part, et de l'autre par le coup de frein économique qui a touché l'ensemble des partenaires de l'Allemagne.


La crise économique européenne des années 90 prend alors naissance dans une sorte de paiement collectif sacrificiel de la réunification allemande. Au dernier trimestre 1992 et au premier trimestre 1993, la France va logiquement connaître sa première récession depuis 1975.


Pourtant, et même si chaque membre de la future zone euro a pu « prendre sa part », la situation à l’Est n’est guère enviable. Plus de 2 millions de personnes vont quitter le territoire pour s’installer à l’ouest, le taux de croissance Est allemand sera constamment inférieur à celui du voisin de l’ouest, les dépenses et les transferts publics vont s’accumuler au fur et à mesure des années. En 2010, le total cumulé des transferts opérés entre Ouest et Est atteint la somme de 1300 milliards d’euros. Ce que la Bundesbank a refusé de faire sur le plan monétaire a été payé par la voie budgétaire.

Ne manquant que rarement une occasion de surprendre Jacques Attali déclarait ces jours-ci :"la chute du mur de Berlin fut une anecdote sans importance". On ne peut, cette fois lui donner tort. Ni lui, ni François Mitterrand ne comprirent sur le moment, et Attali n'est pas homme à reconnaître son erreur, ce que cet effondrement signifiait sur le plan idéologique. Là où ils ne virent que trois morceaux de béton mis à bas au son du violoncelle, c'est la totalité de l'empire idéologique marxiste qui était au sol. La force des symboles est toujours mésestimée par les gens de pouvoir. Le 14 juillet 1789, Louis XVI, inscrivit sur son journal intime : rien. La chasse n'avait rien donné.



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