Le populiste, un objet votant non-identifié
- André Touboul

- 9 nov. 2019
- 2 min de lecture

On a beau tenter d’expliquer le vote populiste par une protestation des inaudibles économiques, ou de ceux qui rejettent la mondialisation et en particulier les menaces sur leur identité et leur mode de vie qui l’accompagne, le compte n’y est pas. En effet, les situations, à ces différents égards, sont très diverses selon les pays.
Si l’on veut comprendre l’objet votant non identifié qu’est l’électeur populiste, il faut prendre du recul et adopter une vue plus générale.
Celui que l’on appelait jadis l’homme de la rue rejette ses élites. Ce n’est pas en raison de ce qu’elles sont, mais essentiellement pour ce qu’elles ne sont pas. Il leur reproche de n’être pas différentes de lui, et donc pas vraiment des élites.
Partout les élites ont, sur des thèmes divers, démissionné.
Ici, les politiques croient bien faire en se mettant au niveau du peuple, ils ne font que l’inquiéter. Si ces gens ne sont pas plus qualifiés que nous pour décider, c’est que leurs idées ne sont pas meilleures que celles du café du commerce. D’ailleurs, ils s’expriment par petites phrases qui ressemblent de plus en plus à des brèves de comptoir.
Là, les médias montent en épingle leurs moindres avantages qui sont pourtant les conséquences de leur pouvoir et de leur appartenance à l’élite. Et nous approuvons cette chasse au coupables, avant même que les Juges aient jugé. Evoquer la présomption d'innocence, vaut reconnaissance de culpabilité.
La pire trahison de ceux sur qui le citoyen lambda compte pour le protéger et le guider, c'est à dire le gouverner, est concrétisée dans la proposition de la démocratie directe. Devant un monde de plus en plus complexe, mouvant et difficile, l’élite, pour laquelle il a été dépensé tant d’argent et d’efforts d'éducation, et consenti tant de sacrifices en privilèges, refuse de remplir son rôle.
L’élite doit impérativement assumer sa fonction, à défaut , le premier venu qui a le verbe haut, conquérant et péremptoire rafle la mise.
Ainsi le vote populiste, loin d’être anti-élite, est une demande de voir se lever une équipe dirigeante qui en soit une. C’est pourtant l’inverse que la classe intellectuelle inocule comme un venin dans le corps de la démocratie. Elle veut défendre les mœurs d’une élite selon elle idéale, mais qui ne fait pas le travail sous prétexte que le peuple seul sait ce qu’il veut et que l’élite se doit d’être exemplaire... une exemplarité qui,contresens majeur, la rend quelconque. Il serait temps d'admettre que si l’on refuse à l’élite d’être, et surtout de se sentir supérieure, elle cesse d’exister. Le mythe de Superman qui dissimule ses super-pouvoirs salvateurs sous l'apparence d'un citoyen quelconque ne fonctionne par en politique.
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L’absurdité du référendum le démontre chaque jour, qu’à question idiote, réponse stupide.
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