Macron, président illégitime
- André Touboul

- 9 nov. 2019
- 3 min de lecture

De manière implicite, mais continue, les médias ne cessent d’instruire le procès en illégitimité de Macron. Ils le font sous couvert de la liberté d’exercer leur esprit critique vis à vis du pouvoir. Mais, ce n’est pas le fond de son action qui sert de crayons de couleur aux commentaires politiques, c’est invariablement sa personne qui forme le cœur de la critique. En sous-texte, on ne cesse de rappeler qu’il ne devrait pas être là ou il est. Il est le fils des circonstances et celles-ci ne sont pas d’une probité candide.
A droite, on ne lui pardonne pas d’avoir accédé au pouvoir à la faveur d’un « coup », médiatico-judiciaire, le torpillage de Fillon, même si l’on ne lui attribue pas la paternité. De fait, ce sont plutôt les juppéistes comme Edouard Philippe, et les déçus de la primaire de la Droite et du Centre comme Bruno Le Maire, et quelques sarkozistes zélés tels que l'avocat Bourgi qui ont taillé un costard au candidat plébiscité par les électeurs de droite et du centre. A posteriori, cette coterie a inventé le concept de Droite Trocadéro pour déconsidérer ceux qui s'offusquèrent de cette manœuvre. Malgré cela, Fillon, désailé comme un faisan tiré à la chasse, réunit 20 % des voix, parvenant en troisième position du scrutin.
Bon gré, mal gré les électeurs de Droite et du Centre se sont rabattus sur Macron, plus en raison de l’explosion du parti antérieurement gaulliste que pour ses qualités propres. Ce choix contraint ne construit pas une légitimité.
A gauche, c’est pire. Il a feint d’être un des leurs, alors qu’il était du camp d’en face. Une filouterie manigancée par le perfide « en même temps, et de gauche, et de droite ». Ceux qui ont voté pour Macron afin de faire barrage à la Droite gémissent sur sa trahison commencée dès la désignation de son premier gouvernement qui démontrait son juppéisme réel et profond. Si l’on s’y console en disant que cela pourrait être pire, cela ne fait pas une absolution.
Aux extrêmes, Macron était et reste le candidat du système, donc illégitime. Au sein de l’élite, Emmanuel Macron n’est pas mieux loti. On l’espérait docile, le voici qui prétend avoir des idées propres que nul ne comprend, et quand il ne se surveille pas, il parle de supprimer l’ENA et le système des Grands Corps.
Il n’y a rien dans l’aventure de Macron d’incroyablement original. La plupart de ceux qui ont accédé au pouvoir ont laissé derrière eux des traces de coups tordus et de traîtrise. De Gaulle, pour ne prendre que des exemples de Présidents, revient en 1958 sur la promesse de conserver l’Algérie française, on se souvient de son « je vous ai compris ». Pompidou, se déclara candidat à Rome le 17 janvier 1969 pour la Présidence, délivrant les gaullistes de leur obligation de soutenir le référendum d’avril 1969 dont le général avait fait une condition de son maintien au pouvoir. On connaît la suite. Juppé élimina Chaban-Delmas en « expliquant » à la télévision sa feuille d’impôts annulée par l'avoir fiscal. Pour Mitterrand, on a que l’embarras du choix. Il y a eu Vichy, l’Observatoire, sa conversion à gauche.
Sarkozy, s’allia au traître Balladur contre Chirac, puis sitôt pardonné, il prôna, pour être élu, la rupture avec ce roi fainéant. Hollande, candidat par défaut, et par hasard à la suite de l’auto-élimination de DSK, présenté comme un nouveau Mitterrand, fut incapable d’assumer ses fonctions. Un costume trop grand pour lui.Jacques Chirac, quant à lui, conclut un pacte secret avec le candidat du Programme Commun en 1981. Il en retira les bénéfices ultérieurement.
Chaque Président a eu sa mise en accusation pour cause d’usurpation qui fut instruite par leurs médias respectifs d’opposition. Le problème d’Emmanuel Macron est que, pour lui, tous les médias sont dans l’opposition. Il y a eu une presse gaulliste, pompidolienne, giscadienne, mitterrandienne, sarkoziste et même hollandienne, celle des nostalgiques de Mitterrand. Il n´y a pas de presse pro-Macron.
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