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Roméo a-t-il violé Juliette ?

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 23 nov. 2019
  • 2 min de lecture



Quand il s’agit des choses du sexe, les Français perdent le sens de la mesure. D’un côté, pour faire modernes et libres, ils ne jurent que par l’abject marquis de Sade, et ils plaident pour la rédemption d’un Bertrand Cantat, de l’autre, ils seraient prêts à croire, sans examen, Juliette si elle affirmait qu’elle a été violée par Romeo.


Que les femmes se libèrent, et osent parler de leurs tourmenteurs est une inestimable conquête de notre civilisation, pas si mourante qu’on le dit. Mais dans une société de libre expression, chacun peut aussi donner libre cours à ses fantasmes.


En aucun cas, le tribunal de l’opinion ne peut s’arroger, pour quelque crime que ce soit, les prérogatives de la loi de Lynch. La Justice doit passer. Toute la Justice, mais rien que la Justice.


Les juges autoproclamés qui vocifèrent en réclamant la pendaison sans jugement croient s’offrir un certificat de moralité, sont coupables. Ils le sont du crime de barbarie, seuls les sauvages exécutent sans jugement équitable, mais ils sont aussi impardonnables par le fait qu’ils nous contraignent à soutenir les gens qu’ils agressent et que, sans cela, l’on n’aurait pas eu envie de défendre.


Quant à ceux qui veulent interdire la représentation du film « J’accuse », les mots manquent pour exprimer la stupéfaction devant leur insondable sottise. Par quelque côté que l’on prenne leur action elle est une offense à la plus élémentaire morale humaine, un mépris pour ceux qui, outre le réalisateur, y ont travaillé, et une insulte à la mémoire d’Alfred Dreyfus.


Mais les condamnés sans procès ne sont pas les seules victimes. On ne peut terminer cette rubrique sans rendre hommage à ceux qui prétendent, pour notre bien, instituer une police du verbe. Leur champ d’action est sans limite. Ils veulent châtier la langue en la rendant inclusive, prohiber l’humour au motif qu’il serait machiste, et bien entendu, éliminer toute contradiction au nom d’une ordre moral encore plus terrifiant que le patriarcat. Attendons-nous à ce que Fragonard soit bientôt brûlé en place publique pour son célèbre tableau intitulé "Le verrou".

 
 
 

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