La bande à Macron s'en va à la rivière, et se noie
- André Touboul

- 6 janv. 2020
- 3 min de lecture

Les Français ne sont pas raisonnables. Ils déclarent ne rien attendre de bon d’Emmanuel Macron, et en même temps, ils en espèrent tout.
Ayant élu un électron libre qui ne pouvait compter que sur la haute Administration pour mener une politique qu’il annonçait comme révolutionnaire, il fallait s’attendre à quelques désillusions.
Quel que soit son autorité et son talent, un homme seul ne peut pas gouverner et encore moins réformer un pays. On l’a dit et répété, Macron est seul, pis il est mal entouré, et d’ailleurs, c’est le vide autour de lui. Ses troupes à l’Assemblée sont des néophytes, ils ont d’ailleurs été choisis pour cela.
Son programme de réformes structurelles comme celle des retraites a été concocté par des économistes gauchistes tel Piketty, qui comme tous les idéologues ne reconnaissent pas leur enfant quand il vient au monde réel. En effet, ces experts vivaient dans l'ignorance qu'une bonne partie des agents publics et semi-publics jouissaient de privilèges qui allaient disparaître.
Pour mettre en œuvre cette réforme, Macron a remis les clés à des hauts fonctionnaires dont elle contrevient aux convictions. Les grands commis de l’Etat sont certes capables de faire abstraction de leur intérêt personnel, mais ils ne peuvent trahir leur mère nourricière, l’Administration.
Depuis l’avènement de Macron, ils ont, sous couvert de rationalisation, étatisé à outrance. Tout ceci leur convenait bien. Mais l’affaire de la retraite à points est un égalisation public/privé qui les choque profondément. Ils voient bien que l’étape suivante sera celle de la suppression de leur statut de garantie d’emploi à vie.
Comme le joueur de flûte, Macron les a conduits à la rivière où ils s’enfoncent inexorablement. Il n’est pas surprenant qu’ils n’y mettent aucune bonne volonté.
Les hauts fonctionnaires qui ont été chargés de préparer la réforme ont saboté le travail. Ils l'ont fait sciemment, parce qu’une telle réforme les insupporte. Ils ont procédé de deux manières : noyer la suppression des régimes spéciaux dans une sauce universelle impraticable, d’une part, et de l’autre parsemer le projet de bombes à retardement. Si l’on joint à cela une communication volontairement floutée, l’affaire devrait être enterrée, sauf si Macron s’obstine et les force à aller au bout de l’absurdité, et, en somme, à boire le calice jusqu'à la lie.
Jamais une réforme n’aura été aussi mal fagotée, et mal présentée. Personne n’y a sérieusement travaillé.Quelques comptables de Bercy ont vu là l'occasion de faire les poches des régimes autonomes comme celui des professions libérale, et même de la complémentaire des fonctionnaires, la Préfon. D'autres à la direction du Trésor ont vu d'un bon œil la limitation à 10.000 € par mois la faculté d'accumuler des droits, puisque le surplus, après prélèvement sans contrepartie de 2,8 %, irait aux institutions d'assurance privées dans lesquelles la haute Administration règne en maître, et se ménage les postes les plus juteux.
Il s'agissait de mettre fin aux abus scandaleux des régimes spéciaux injustifiables, ce que l'opinion aurait applaudi, et aurait permis une gestion plus rationnelle des personnels. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
A n'en pas douter, le rêve secret de l'Administration est que la réforme capote. Mais en même temps, ses têtes pensantes comprennent que cela ouvrirait un boulevard à l’extrémisme de droite.
Cette perspective ne les effraie pas en soi, ils savent se rendre indispensables. Ils voient bien cependant qu’une telle aventure aurait un coût faramineux, sans compter les risques de troubles civils encore plus graves que ceux que l'on connaît aujourd'hui quand les méthodes radicales d’un nouveau pouvoir d’extrême droite heurteraient de front les minorités. Il faudrait s'attendre alors à une vague de terrorisme et d'activisme du poignard bien plus considérable que celle que l'on connaît aujourd'hui.
Alors, Messieurs, et Mesdames les hauts fonctionnaires encore un pas en avant dans la rivière.
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