La diplomatie des chocottes perdra le Monde libre
- André Touboul

- 6 janv. 2020
- 3 min de lecture

Les Occidentaux ont le genou mou, et les dents qui claquent, ils illustrent l’expression avoir les chocottes. Les fondamentalistes islamiques, mollahs et autres djihâdistes, comme tous ceux qui haïssent l’Amérique, le grand Satan, mais qui aussi nous détestent, nous qui, à leurs yeux, sommes de petits Satans, sont pleins de joie. Un froncement de sourcil nous remplit de terreur.
Il serait temps de comprendre que certains États n’agissent pas selon les règles et ne vivent que par le projet de détruire le Monde libre.
La configuration que nous vivons est très semblable à celle que l’on a connu du temps de la guerre froide.
En effet, comme au temps de l’URSS, le Monde est maintenant divisé en deux. Les pays qui sont entrés dans la mondialisation et le commerce libre, et ceux pour qui cet univers est inacceptable, diabolique et doit être détruit. Bien entendu, tout comme à l’époque du Communisme, le projet de détruire le système de liberté dont nous jouissons n’est pas mis sur la table, mais il est là, incontournable, car l’incompatibilité entre les États libres et les États théocratiques est totale.
Agiter comme une marotte à grelots le spectre d’une troisième guerre mondiale que pourrait déclencher l’Iran si on fâchait ses maîtres est néanmoins inconséquent et sans pertinence.
Il est en effet très léger de parler de guerre mondiale au risque de provoquer une psychose aux effets délétères. Et c'est faire état d’un risque imaginaire. Sans doute l’URSS aurait pu déclencher une guerre mondiale, elle en avait l'envergure. L’Iran n’en a pas les moyens. Ce pays n’est, par ailleurs, lié par aucun traité à quiconque dont l'application pourrait justifier une extension du conflit comme ce fut le cas pour les deux premières guerres mondiales.
Pour répliquer à la réplique américaine les ayatollahs ont trois possibilités. La première serait de procéder à des actes de guerre ouverte ; elle est à exclure , leur régime n’y survivrait pas trois mois. La deuxième serait de se lancer dans une course aux armements nucléaires, mais ils trouveront contre eux la totalité du reste du monde, et ne pourront se maintenir très longtemps, outre le risque de subir une intervention militaire. La troisième option est de continuer sur le mode asymétrique par des attaques terroristes indirectes ; cette voie, très efficace qu’ils emprunteront certainement aura le défaut de leur faire perdre de l’autorité intérieure, car ces actions ne pourront être revendiquées au grand jour.
L’invocation de la poudrière du Moyen Orient qui pourrait sauter alors qu’elle est en incandescence depuis des décennies, manque de sérieux.
Face à un ennemi mortel, seule la fermeté paye. Jimmy Carter avait toléré la prise en otage de l’ambassade US de Téhéran. Il a ainsi permis aux ayatollahs d’installer pour longtemps leur régime dont le terrorisme est la nature profonde, et le but de détruire l a civilisation Occidentale, c'est à dire le Monde libre. Les diplomates américains n'ont été libérés que le jour précis de la prise de fonction de Ronald Reagan, preuve que le courage des ayatollahs ne s’exerce que sur les faibles.
Dans cette entreprise d’anéantissement de l’Occident, l’Iran n’est pas seul. Il y a Daesh et l’Arabie saoudite. Ces trois puissances agissent avec des moyens différents, sont concurrentes, mais elles éprouvent une égale et radicale hostilité envers le reste du Monde.
Daesh a fait l’erreur de reconnaître cette incompatibilité, se dévoiler, si l'on peut dire, lui fut fatal. L’Iran doit composer plus habilement, car il est vulnérable au monde extérieur du fait de l’existence d’une classe sociale d’Iraniens évolués qui depuis quarante ans attendent d’être libérés.
L’Arabie, qui en est toujours au moyen âge, n’a pas ce problème mais elle utilise l’argent du pétrole pour miner les sociétés européennes en déstabilisant leurs minorités musulmanes. Personne ne peut croire qu’un pays où la lapidation et la décapitation sont en vigueur soit compatible avec nos valeurs.
Il est une image courante dans l’Islam, celle de Zulfikar, l’épée que Mahomet offrit à Ali, une arme courbe à deux pointes. Il est clair que l’Iran et l’Arabie sont chacun l'une de ces deux pointes.
Trump est ce qu’il est, imprévisible, brouillon, égoïste, et peut être fou. Fou, il faut l’être un peu pour s’opposer aux « fous de Dieu ». On doit, en tout cas, lui reconnaître un mérite, celui de mettre fin à l’hypocrisie d'une planète ou tout le monde est beau, tout le monde est gentil, alors que l’ombre munichoise s’allonge sur l’Europe.
Sa stratégie de ne pas négocier avec le régime des ayatollahs est la seule qui soit sensée. La faiblesse de sa position est qu’il laisse opérer l’Arabie saoudite, qui a ses yeux n'est pas une menace car elle se contente d’affaiblir l’Europe. Ce hiatus détruit la cohérence de son action, qui, il est vrai , est centrée sur les intérêts américains. America First, ou Allah Akbar l'Europe libre est prise dans une tenaille fatale, trembler ne la sauvera pas.
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