Asile politique, la politique à l'asile
- André Touboul

- 28 févr. 2020
- 2 min de lecture

Accorder l’asile politique à la Pakistanaise Asia Bibi oui ; à l’hurluberlu russe Pavlenski, non !
Notre société accepte que l’on blasphème contre la démocratie en violant ses lois fondamentales, elle supporte mal la moindre opinion qui pourrait heurter les convictions religieuses de certains qui ont l'épiderme peut-être un peu trop chatouilleux.
Loin d’être des manifestations de démarches opposées, ces phénomènes sont le résultat de la même lâcheté.
La démocratie n’a plus de défenseurs, elle les a perdus, les mauvais français l’ont tuée.
Mauvais français, le terme est sévère. Mais comment qualifier ceux qui ne cessent de vilipender le suffrage universel. Ceux qui ne cessent de répéter « élection piège à cons » sans dire ce qu’il faut mettre à la place, ni préciser que ceux qui se font piéger sont ceux qui ne voteront pas. Ce sont les mêmes qui au prétexte de moralisation des élus veulent jeter le bébé avec l’eau du bain et remettent en cause le système représentatif... au profit d’une démocratie soit-disant directe qui est, en fin de compte, la tyrannie des activistes.
Nul ne se dressant plus pour la défendre, la démocratie devient le lieu de tous les renoncements, et ces derniers temps à celui du droit au respect de la vie privée, que certains se croient autorisés à bafouer pour pirater les processus électoraux. C'est par démission vis à vis de la République que l'on ouvre les bras à ceux qui ont, sans en faire mystère, le projet de détruire notre régime politique de liberté.
Dans cette affaire de droit d'asile, il est étrange que l'on ait accordé le statut de réfugié à un Russe qui ne pouvait sérieusement prétendre être persécuté dans son pays en raison de son action en faveur de la liberté (art L711-1 CESEDA).
Mais le plus singulier est que cette affaire donne l'occasion de constater que l'étranger titulaire d'une telle reconnaissance peut voler et commettre les pires vilenies contre la paix civile française, il n'en risque pas la révocation tant qu'il n'a pas été condamné : soit pour un crime, soit pour un délit constituant un acte de terrorisme ou puni de dix ans d'emprisonnement. (art L711-6 CESEDA).
Ainsi, malgré ses méfaits antérieurs à l'affaire Griveaux, dirigés contre l'Etat français qui l'avait accueilli, Pavlenski, qui tenta de mettre le feu à la Banque de France, ne risquait pas d'être expulsé. L'acte était symbolique, mais c'était se montrer bien ingrat vis à vis de l'Etat dont il est l'hôte.
Le droit d'asile devrait pouvoir être révoqué pour ingratitude ou pour atteinte aux principes démocratiques. Mais la Démocratie est bonne fille, elle supporte tous les affronts avec une indulgence qui parfois frise l'inconscience.
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