Le hussard et le Coronavirus
- André Touboul

- 28 févr. 2020
- 2 min de lecture

En 1832, la Provence est frappée par une épidémie de choléra venue des Indes. Le ville de Majorque ravagée par la maladie est désertée et la région bouclée par la troupe. Jean Giono en tirera un roman, Le Hussard sur le toit. Ces derniers jours les réflexes sociaux devant l’épidémie que décrit Giono semblent de retour. Le choléra était un vrai fléau sanitaire... il n’est pas certain qu’il en soit de même pour le coronavirus qui, en l'état de ce que l'on sait, ne devrait pas nous obliger à grimper sur les toits.
Le mystère du covid-19 est la discordance entre son retentissement et sa dangerosité effective. Comparé à la simple grippe saisonnière la morbidité du nouveau venu est, même en Chine, absolument négligeable.
A cet égard, le phénomène peut être comparé au terrorisme islamique qui si on le rapporte aux nombre de victimes de la violence routière est d’une importance minime.
De fait, ce qui se cache derrière la peur est, dans un cas comme dans l’autre, non pas le danger immédiat et réel, mais celui imprévisible que l’on imagine gigantesque.
Quand Zemmour et d’autres parlent de Grand Remplacement, ils sensibilisent la population à des signaux faibles d’une islamisation qui pourrait la menacer dans son ensemble. Les Français se soucient peu que telle ou telle femme soit voilée ou non, c’est la menace sur leur propre mode de vie qui les perturbe. Cette crainte est sans fondement. Avec une immense maladresse nos compatriotes musulmans revendiquent une liberté ostentatoire de culte qui rejoint des menées impérialistes d’Etats où la liberté de conscience n’est pas de mise. Dès lors, les réactions prennent une ampleur disproportionnée.
Pour le virus, ce qui est perturbant et effrayant, c’est l’inconnu. Le Covid-19 est un alien, il ne vient pas d’une autre planète, mais il a franchi la barrière de l’espèce. En conséquence, on lui prête des pouvoirs gigantesques... comme à tout ce que l’on ne connaît pas.
Il y aura encore des morts du fait du Coronavirus, comme de celui du terrorisme islamique. Mais la sécurité totale est une vue de l’esprit. Il y a 11.000 décès en France, chaque année, imputables à la grippe saisonnière, contre laquelle les Français rechignent à se faire vacciner. Il y a 3 à 4.000 morts sur les routes, et l’on mégote sur la sécurité routière. Bref, nous acceptons de vivre dangereusement, mais pas dans l’inconnu.
La pandémie de Covid-19 sera terminée, non plus quand le virus sera vaincu, cela n’est pas près de se produire, mais quand il ne sera plus un inconnu dans notre maison.
Entre-temps, il faut se résigner à la surenchère des prudences panicardes. Évidemment, et au mépris des conséquences catastrophiques, Madame Le Pen n’est pas la dernière à sonner le tocsin, et réclame que l’on ferme les frontières, sans dire lesquelles. Il est vrai qu’elle a une mentalité de garde barrière. Bientôt, elle exigera du gouvernement qu’il interdise aux Français de se parler et pourquoi pas de respirer.
*
Commentaires