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La mauvaise compagnie

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 26 mars 2020
  • 3 min de lecture



On ne cesse d’énumérer les inconvénients du confinement.


Pour le sportifs du dimanche, il est, en effet, insupportable, voire anticonstitutionnel de ne pas pouvoir aller jogger à sa guise toute la semaine puisque, si l'on ne va pas travailler, c’est tous les jours dimanche.


Ensuite, pour les femmes. Oui, les femmes battues, qui n’ont pas une seconde de répit. Leurs indignes maris ne vont plus au bistro, et doivent se saouler à la maison. Les violences faites aux femmes augmentent, nous dit-on. L’Etat qui n'a pas su prévoir est défaillant. Il y a des viols dans le cercle conjugal. Le cercle ? Oui, il se peut que les ménages ne soient pas bi mais tri.


Les enfants aussi trinquent peut-on lire, et pas seulement quand les parents boivent.


N’oublions pas les oubliés. Ceux dont les médias politiquement corrects ne parlent jamais. Les adultères, qui ne sont pas confinés là où ils le souhaiteraient. Ceux dont le bonheur est ailleurs. Et pense-t-on au risque de l’amant ou l’amante, qui abandonné(e), pourrait se trouver victime d’un retour d’affection sur l’oreiller du conjoint légitime.

Plus tristement, il y a aussi les personnes seules. Le confinement des êtres solitaires est la pire des tortures. Sartre écrivit « l’Enfer, c’est les autres », quelle erreur ! Il ignorait ce qu’est la solitude. Dans cette période où nous avons le temps, ne confondons pas confinement et isolement, n'ayons pas peur de communiquer avec nos proches dont on nous tient éloignés, les moyens modernes sont là pour être utilisés.


Quoi que nous fassions, cependant, il semble que le confinement soit un calvaire pour tous.



Mais pourquoi ne pas parler des avantages du confinement. On n’évoque pas ici celui de la famille élargie réfugiée dans la campagne, où l’on peut enfin « profiter » de ses enfants et petits enfants, puisqu’ils sont nos prisonniers.


Non, la vertu première du confinement est dans le couple. Enfin une occasion de se parler. Une obligation de ne pas fuir les questions que l’on remet à plus tard, de vider les abcès, de faire le point à deux sur le passé et de regarder dans la même direction d’avenir, c’est à dire de s’aimer au lieu de se fuir. La solitude à deux, cela peut s’appeler l’amour, si elle est partagée. Car, si c’est parfois « l’autre », la tierce personne qui s’interpose et défait les liens du couple, le pire ennemi de l’amour est le silence.


L’homme seul est en mauvaise compagnie disait Paul Valéry. mais la vérité est que l'homme seul ne sait simplement pas qui il est. Regarder, écouter l’autre est l’unique façon de prendre connaissance de soi. Connais-toi, toi-même recommande Socrate, mais tentez l’expérience, regardez-vous dans un miroir, vous n’y verrez qu'un inconnu. La seule manière efficace de prendre connaissance de soi est de regarder l’image que l’autre nous renvoie de ce que nous sommes, alors parlons et nous verrons que le confinement est un refuge douillet, non seulement à l'abri de la contagion, mais aussi des cruautés de la vie que trop souvent il nous faut affronter seuls. Une occasion unique de se dire que l'on s'aime.




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Des nouvelles du front


Macron va s’exprimer vendredi. On n'attend pas de lui qu'il annone la leçon du Comité de santé publique, mais qu'il prenne de la hauteur.


Il devra néanmoins s’exprimer sur la chloroquine qui n’est plus une question médicale, mais un problème politique, puisque tout le monde en parle, et chacun donne son avis.


Il refusera de prendre position dans un débat médical, mais devra rappeler que chacun a un droit égal à être soigné, et en conséquence il parlera des stocks, c’est à dire de la vérité sur l’accès au traitement. Son gouvernement a trop menti sur les gels, les masques, les lits et les respirateurs... Il devra enfin renvoyer la question des contre-indications à chaque médecin.


Quant à la prolongation du confinement, il serait imprudent de fixer une date, quelle qu'elle soit, alors que rien n’est actuellement sous contrôle. Sans doute dira-t-il que cette épreuve sera la plus courte possible, ce genre d'évidence ne risque jamais rien à être rappelée.


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