Les profiteurs de guerre
- André Touboul

- 28 mars 2020
- 2 min de lecture

Il y a des jours où l'on a honte de ses semblables.
La CGT-fonction publique a posé une série de préavis de grève pour tout le mois d’avril.
Nulle part, ailleurs dans le monde, personne n’a eu cette idée qui n’est rien d’autre que de la désertion sur le champs de bataille, puisque cela touchera les services publics essentiels à la vie quotidienne du pays.
On se demande quel virus a piqué ce syndicat en perte de vitesse.
Ses adhérents réclament-ils d’être mieux protégés de la contagion ? En ce cas, il y aurait quelque légitimité à une mobilisation, comme l’on dit quand un fonctionnaire s’immobilise.
Que nenni, il s’agit de faire aboutir des revendications « d’avant », des questions qui qui n’ont aujourd’hui aucune actualité. Retrait de la réforme des retraites, qui a été suspendue sine die ; le SMIC à 1800 €, payé par des entreprises en cessation de paiements...etc...
On savait que les privilégiés de l’Etat jouissant d’une garantie de revenu à vie étaient égoïstes. On ne les savait pas cyniques. Mais, si les Français sont capables de solidarité et d’empathie, ils le prouvent chaque jour par des gestes en faveur du personnel de santé, il existe aussi des « chacun pour soi ». Ce sont ces mêmes mentalités egocentrées qui dans les immeubles demandent aux soignants d’aller habiter ailleurs.
Au jour d’après, il faudra faire les comptes. Ceux qui se seront déshonorés en jouant les profiteurs de guerre devront passer en jugement.
Peut-être sur le plan pénal, car si le pays est bloqué, affamé et que la vie des citoyens est mise en danger, il faudra bien considérer cette agression pour ce qu’elle est, c’est à dire une conjuration séditieuse. Le gouvernement devra alors procéder à la réquisition.
Si le droit de grève est inscrit dans la Constitution, la continuité du service public l'est également. En cas d’atteinte aux besoins essentiels de la population. C'est une procédure très encadrée, prévue par la loi. Cela se décide au cas par cas sous contrôle du judiciaire. Il faut qu'il y ait une urgence et des mesures proportionnées.
S'ils refusaient de reprendre le travail, les agents réquisitionnés seraient passibles de six mois d'emprisonnement et 10.000 euros d'amende.
Dans les circonstances présentes, cette preuve d’incivisme sera jugée au tribunal de l’opinion qui réclamera ou accueillera avec soulagement la suppression du statut de la fonction publique. Ce sera enfin l’abolition d’un privilège, aussi injustifié qu’onéreux et qui rend l’ensemble du pays otage de petits groupes de maîtres-chanteurs.
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