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Les Branquignols

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 2 avr. 2020
  • 4 min de lecture






Le paradoxe de l'opinion révélé par les sondages, mais que l'on constate aussi dans les commentaires des confinés, est que le Gouvernement et plus encore le Président ne sont pas directement atteints par les ratés de la gestion de la crise du covid-19.


L'une des raisons est que la tête de l'exécutif peut compter sur une opposition qui semble avoir appris son texte chez les Branquignols. Avec prudence la Droite et la Gauche estiment pour l'essentiel urgent de se faire oublier dans les coulisses. Il n'en va pas de même des extrêmes qui se hasardent dans des exhibitions malencontreuses.


Marine Le Pen, et JL Mélenchon n’ont pas compris qu’avant l’heure, ce n’est pas l’heure, parce que quand vient l’heure les arguments utilisés trop tôt ont fait long feu.


Certes, l’échec de la communication de l’exécutif est patent, mais on peut douter que dans deux ans l’argument soit encore d’une quelconque efficacité.


Les critiques à contre temps sont, en outre, une insulte au bon sens des Français qui dans leur immense majorité savent bien faire la distinction entre le discours politique et les nécessités de l’action.


Pour faire face à la crise, chacun a compris que l’on avait pas de masques ni de tests, du fait d’une gestion bien antérieure au présent quinquennat ; et que, devant ce triste constat, le Gouvernement ne pouvait opposer qu'un rideau de fumée.


Aucun pouvoir n’échappe au principe selon lequel : gouverner, c’est mentir.


Il est désagréable de le reconnaître, le parler vrai est une prérogative de l’opposition.


Les Gouvernements ont, le plus souvent, l’obligation de dorer la pilule pour la rendre plus facile à avaler. Il y a ce que l’on appelle le pieu mensonge, dans l’intérêt de ceux à qui l’on ment. Qui n’a pas menti à un enfant qui souffre en lui disant “ça va passer”, et en lui faisant croire qu’un bisou va guérir le bobo sur un genou couronné...


Nous ne sommes pas des enfants, mais la vision d’un peuple d’adultes à la raison parfaite est une utopie. Nous sommes, au premier chef, saisis par nos émotions, ensuite vient le temps de la réflexion, de la pensée construite.


Si le Prince parle de pénurie, il déclenche la panique.


Alors, volens nolens, nous pardonnerons les mensonges, sauf quand ils auront pour les mauvais gestionnaires l'objet d’échapper aux responsabilités de la pénurie, mais si l'Etat est coupable à cet égard, il n'est pas évident que le présent Gouvernement le soit.


Plus délicat est le problème du traitement, cependant, à cette occasion, ce n’est pas le Gouvernement et encore moins Macron, otages des autorités de santé, qui se sont déconsidérés. De même, il n’aura échappé à personne que c'est l’élite technocratique qui contrôle le secteur public de la santé, qui a défendu d’abord son pré carré au détriment du secteur privé qui, étant mieux géré, est son ennemi politique. Cela rappelle la bataille de l'éducation nationale où le public rêve d'éliminer le privé.


Ceci étant dit, les Branquignols qui voudraient nous gouverner, auraient-ils mieux fait ? La réponse est cruelle pour eux. On tremble à l'idée qu'une Le Pen ait pu faire ses dents sur la crise actuelle et l'on respire à la pensée que l'on a échappé à une gestion vénézuélienne de la maladie.


Mais surtout, que proposeront-ils pour demain ? Remonter le pont-levis ?


Contrairement à ce qu’espèrent les adeptes de la fermeture des frontières, la fin de la pandémie sera sans doute marquée, comme toute libération, par un appétit d’ouverture.


Certes chat échaudé craint l’eau froide, mais il serait très surprenant que l’on aspire à prolonger le confinement particulier par un confinement national.


Au demeurant, la reprise de l’activité économique à notre époque parcellisée exigera un rétablissement des échanges. À la sortie du confinement intérieur devra succéder le déconfinement international, c’est à ce prix seulement que l’on évitera une récession mondiale.


Dans ce contexte, les vagissements souverainistes se perdront dans le brouhaha des appétits de reprise générale trop longtemps bridés.


On aurait tort de croire que la crise de 2020 pourrait ressembler à celle de 1929.


Trois raisons s’y opposent.


D’abord, l’économie mondiale est différente, son interdépendance rend impossible le protectionnisme total. On a vu les difficultés rencontrées par Trump, qui n’a pu relocaliser un peu qu’au prix de mesures fiscales attractives. Les hausses de tarifs douaniers se sont souvent révélées inopérantes. On doit s'en réjouir, le protectionnisme conduit inévitablement à la guerre. C'est comme le supplice du pal qui finit plus mal qu'il ne commence.


Ensuite, la planète est désormais trop petite, ce qui touche les uns affectera, tôt ou tard, les autres sauf à interdire les voyages, ce qui, par parenthèse, serait une tragédie pour la France qui vit en grande partie du tourisme.


Enfin, le climat est un bien commun qui ignore les frontières et interdit la politique du chacun pour soi.


La crise cependant laissera des traces. On se souviendra notamment de ceux qui se sont mal conduits. Il y a peu de chance que ce qui restait d'américanophilie après Trump résiste aux pratiques scandaleuses des américains qui sur les aéroports chinois détournent les avions bourrés de produits sanitaires appartenant aux pays européens. Ces actes de piraterie ne seront pas pardonnés, et il n'est pas certain que la puissance des Etats-Unis suffise à leur assurer l'impunité. En effet, dans la reconstruction d'après crise, nos "amis" américains ne seront pas les bienvenus.





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