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Les jours heureux

  • Photo du rédacteur: André Touboul
    André Touboul
  • 14 avr. 2020
  • 2 min de lecture


Le 13 avril 2020, Macron a parlé. Massivement les Français lui ont prêté attention. Mais l’audimat n’a pas grand sens. Il ne se présentait pas pour vendre de la lessive. Il n’y a eu aucune coupure de publicité pendant son discours.


Singulière allocution. Les politiques ont coutume de promettre des lendemains qui chantent. Emmanuel Macron évoqué « des jours meilleurs », mais a ajouté aussitôt « ...nous retrouverons les jours heureux » a dit le Président, une façon de dire qu’ils sont derrière nous.


Nul n’a relevé cette inversion de la rhétorique politique. Elle est pourtant révélatrice du pessimisme qui anime le chef de l’Etat.


Autre bizarrerie de l’intervention. « Sachons nous réinventer », dit-il, mais il conclut « ...moi aussi ». Ce n’est pas là, parole de leader. Le panache blanc d’’Henri IV est tombé dans la poussière. Il est probable que le Président a voulu donner des gages à ceux qui le taxent d’arrogance. Mais pour quel bénéfice, et à quel prix ? Les critiques qui le haïssent ne se mettront pas à l’aduler, et ceux qui le soutenaient sont pris à contre-pied. Ce mea culpa, était mal venu à l’heure où les Français ont besoin d’être rassurés.


La sonorité compassionnelle de ce discours avait le goût du Canada Dry. Cela ressemblait à de la compassion, cela en avait la volonté, mais ce sentiment ne se décrète pas. Emmanuel Macron a bien des qualités sur lesquelles on devrait pouvoir compter, l’intelligence, la ténacité, le dynamisme, mais il n’est pas crédible dans le rôle d’un sentimental. Il a eu un mot pour chacun, mais cela ressemblait à une liste de remerciements.


Sur le fond, il s’agissait d’annoncer à la population que rien n’était prêt : ni le système hospitalier, ni les masques désormais reconnus comme indispensables, ni les tests encore mégotés, ni les traitements encore différés. Loin d’être convainquant sur les perspectives, il est resté flou. Au moins aurait-il pu reconnaître des flottements pour effacer le procès en mensonge instruit à juste titre contre l’exécutif.


Ses annonces quant à la reprise scolaire précoce, fondée sur la lutte contre les inégalités étaient surréalistes. Soudain, cette vielle lune de la logomachie égalitariste, pouvait justifier de contaminer tout le pays. Car l’on sait que les enfants sont incapables de respecter quelques gestes barrière que ce soit.


Quand à l’économie, personne n’attendait de lui des annonces miraculeuses. Mais pour rassurer le plus grand employeur de France, l’artisanat et les TPE, au moins aurait-il pu répéter qu’il les sauverait « quoi qu’il en coûte ».



*


Au bout du compte, le Président a perdu en crédit personnel, sans autre bénéfice que de prolonger le confinement, pour l’ensemble du pays, alors que s’il est justifié dans l’Ile de France, et une ou deux autres centres urbains comme en Rhone-Alpes, des régions entières sont hors d’affaire, et en tout cas à mille lieues de la saturation hospitalière. L’économie aurait pu reprendre dans l’Ouest et en particulier dans le Sud-Ouest. Mais encore et toujours, Paris décide pour la France entière.

 
 
 

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